Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/256

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tions de leur apprentissage, devaient songer à jouer, pour leur compte, un rôle dans le monde. M. Grey apprit à Richard qu’il avait écrit, d’une manière pressante, sur ce sujet, à M. Monçada, et même plus d’une fois, mais qu’il n’avait pas encore reçu de réponse : il ajouta qu’il n’osait donner un conseil au jeune homme avant de connaître le bon plaisir de son grand-père. Richard sembla supporter cet état d’incertitude avec plus de patience que le docteur ne l’en croyait naturellement capable. Il ne faisait aucune question… ne formait aucune conjecture… ne témoignait aucune anxiété, mais paraissait attendre patiemment la tournure que prendraient les choses. « Ou mon jeune homme, pensa M. Grey, a pris secrètement une détermination, ou il sera plus traitable que je ne l’aurais présumé d’après certains traits de son caractère. »

En effet Richard avait tenté un essai sur son inflexible parent, en adressant à M. Monçada une lettre pleine de respect, de tendresse et de reconnaissance, où il sollicitait la permission de correspondre avec lui directement, et promettait de se conduire en tout point d’après sa volonté. La réponse à cet appel fut sa propre lettre, qu’on lui renvoya avec une note des banquiers dont il avait pris le couvert, disant que toute tentative à l’avenir pour se mettre en relation avec M. Monçada, amènerait la cessation absolue de tout envoi de fonds de leur part.

Les choses en étaient là à Stevenlaw’s-Land, lorsqu’un soir Adam Hartley, contrairement à son habitude depuis plusieurs mois, désira une entrevue particulière avec son camarade d’apprentissage. Il le trouva dans le petit bosquet et ne put s’empêcher de voir que Dick Middlemas, en l’apercevant, cachait dans son sein un petit paquet, comme s’il eût craint qu’on ne le remarquât, saisit une bêche, et se mit à travailler avec beaucoup d’application, comme eût fait une personne qui aurait voulu donner à croire qu’elle était tout entière à son occupation.

« Je désirais causer avec vous, M. Middlemas, dit Hartley ; mais j’ai peur de vous déranger.

— Pas le moins du monde, » répliqua Richard en laissant sa bêche, « je m’amusais simplement à détruire les mauvaises herbes que les dernières pluies ont fait pousser en si grande quantité. Je suis à vos ordres. »

Hartley entra sous le berceau et s’assit. Richard imita son exemple, et parut attendre l’explication annoncée.