Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/338

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

classe, qui l’accompagnait, fit à l’étranger un salut humble et respectueux.

Harlley sortit de la ville noire, plus convaincu qu’auparavant qu’on allait tenter de rendre Menie Grey victime d’une trahison ; plus déterminé que jamais à essayer de tous les moyens pour la sauver… ; et plus complètement embarrassé en réfléchissant au caractère douteux du danger auquel elle semblait être exposée, et aux faibles ressources dont il pouvait disposer pour le prévenir.







CHAPITRE XIII.

sédoc.


Tandis que Hartley sortait par une porte de l’appartement où cet entretien avait eu lieu dans la maison de Ram-Sing-Cottah, miss Grey se retirait par une autre, vers une pièce destinée à son usage particulier. Elle aussi était tourmentée par de secrètes et inquiétantes réflexions ; car tout son amour pour Middlemas, sa confiance en l’honneur de son futur époux ne parvenaient point à dissiper entièrement ses doutes sur le caractère de la personne qu’il avait choisie pour être sa protectrice temporaire ; et pourtant elle ne pouvait fonder ses inquiétudes sur aucun fait concluant ; c’était plutôt une aversion pour les manières hardies de sa patronne, et un dégoût pour ses idées et ses expressions cavalières, que tout autre motif, qui prévenaient si mal la pauvre fille.

Cependant madame Montreville, suivie de son domestique noir, entra dans l’appartement d’où Hartley et Menie Grey venaient de sortir. Ils paraissaient avoir entendu de quelque endroit caché l’entretien que nous avons rapporté dans le chapitre précédent.

« Il est bien heureux, Sédoc, dit la dame, qu’il y ait dans ce monde de grands fous.

— Et de grands coquins, » répliqua Sédoc en bon anglais, mais du ton le plus rude.

— Cette femme est donc, continua la dame, ce que dans le Frangistan vous appelez un ange ?

— Oui, et j’ai vu dans l’Indoustan des hommes que l’on pourrait bien appeler diables.

— Je suis sûre que ce… comment le nommez-vous… que ce