Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/354

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Les différents détours par lesquels il fut conduit se terminèrent à une petite porte pratiquée dans un mur qui, d’après les branches qu’on voyait retomber par-dessus, semblait entourer un jardin ou un bosquet.

La porte s’ouvrit dès que l’esclave eut frappé, et voyant entrer son guide, Hartley s’apprêtait à le suivre ; mais il recula à la vue d’un gigantesque Africain qui brandissait sur sa tête un cimeterre large de quatre doigts. Le jeune esclave toucha son compatriote avec une badine qu’il tenait à la main, et ce simple attouchement parut démonter le géant, dont le bras et l’arme retombèrent aussitôt. Hartley entra sans plus d’opposition ; il se trouva alors dans un bosquet de mangoustiers, à travers lequel une lune, nouvelle encore, brillait faiblement au milieu du murmure des eaux, des douces mélodies du rossignol et des parfums de la rose, du jasmin jaune, des fleurs d’orange et de citron, et des narcisses de Perse. De superbes dômes et de hauts portiques, qu’on apercevait imparfaitement à l’aide de cette lumière douteuse, semblaient annoncer le voisinage de quelque édifice sacré, où le fakir avait sans doute établi sa demeure.

Hartley hâta sa marche autant que possible, et entra par une porte de côté dans un passage voûté, au bout duquel se trouvait une autre porte. Là, son guide s’arrêta ; mais montrant cette seconde porte, il fit comprendre par signe à l’Européen qu’il pouvait y passer. Hartley l’ouvrit en effet, et se trouva dans une petite cellule, semblable à celle que nous avons déjà décrite, où étaient assis Barak el Hadgi et un autre fakir qui, à en juger par l’extrême ampleur de sa barbe blanche, qui remontait jusqu’à ses yeux des deux côtés, devait être un personnage d’une grande sainteté, aussi bien que de grande importance.

Hartley prononça le Salam alaïkum du ton le plus modeste et le plus respectueux ; mais son ancien camarade, loin de lui répondre, comme devait le faire espérer l’intimité qui avait existé entre eux, consulta seulement les yeux de son vénérable compagnon, et se contenta de désigner au docteur un troisième tapis sur lequel il s’assit en croisant les jambes, selon la coutume du pays, et un profond silence régna l’espace de plusieurs minutes. Hartley connaissait trop bien les usages orientaux pour risquer le succès de son entreprise par trop de précipitation. Il attendit une invitation à parler. Elle lui arriva enfin, par l’intermédiaire de Barak.