Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/357

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lui avait transmis le dewar ou trésorier du nabab, et qui lui enjoignait de partir le lendemnain, à la pointe du jour, pour Bangalore.

Il parut très-mécontent de cet ordre, et quand Hartley lui annonça qu’il se proposait de l’accompagner, il eut l’air de le regarder comme un fou, au lieu de le remercier, et lui donna à entendre que probablement Hyder avait l’intention de se débarrasser de tous deux, au moyen des maraudeurs qui infestaient les contrées qu’ils allaient traverser avec une si faible escorte. Cette crainte en fit naître une autre au moment du départ, quand ils virent arriver environ deux cents hommes de cavalerie, tous naturels du pays, et appartenant à l’armée du nabab. Le sirdar qui commandait cette troupe se conduisit avec politesse, et déclara qu’il avait ordre d’escorter les voyageurs, et de pourvoir à leur sûreté, ainsi qu’à leurs autres besoins durant le voyage ; mais ses manières étaient froides et réservées, et le vakeel persista à croire que les soldats venaient plutôt pour empêcher leur fuite que pour les protéger. Ce fut sous ces tristes auspices qu’ils parcoururent la route de Séringapatam à Bangalore en deux jours et demi environ, car la distance est de quatre-vingts milles.

En arrivant aux environs de cette belle et populeuse cité, ils trouvèrent un camp déjà établi à moins d’un mille des murs. Il occupait une hauteur couverte d’arbres, et dominait en plein sur les jardins que Tippoo avait formés dans un quartier de la ville. Les riches pavillons des principaux personnages étincelaient de soie et d’or ; et des piques à pointes dorées, ou garnies de houppes d’or, déployaient de nombreuses petites bannières sur lesquelles était écrit le nom de Prophète. C’était le camp de la bégum Mootee Mahul, qui, avec un petit détachement de ses troupes, montant à deux cents hommes environ, attendait le retour de Tippoo sous les murs de Bangalore. Les motifs particuliers qui leur faisaient désirer une entrevue, le lecteur les connaît ; aux yeux du public la visite de la bégum avait toute l’apparence d’une marque de respect, telle que les princes inférieurs et subalternes en témoignent souvent aux protecteurs dont ils dépendent.

Après qu’il se fut bien assuré de ces faits, le sirdar du nabab établit son camp en vue de celui de la bégum, mais à un demi-mille de distance environ, envoyant à la ville un courrier pour annoncer au prince Tippoo, dès qu’il serait de retour, qu’il était arrivé lui-même avec le vakeel anglais.

L’opération de dresser quelques tentes fut bientôt terminée, et