Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/369

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CHAPITRE XVI.

conclusion.


Si vous dites une bonne plaisanterie, qui soit goûtée par tout le monde, arrive Dingly, et elle vous demande : « De quoi s’agit-il ?.. » Et avant qu’on puisse l’en informer, elle s’en va chercher quelque vieux haillon dans le cabinet.
Dean Swift.


Tandis que j’écrivais l’intéressante histoire que mes lecteurs viennent de terminer, on aurait pu dire que j’apprenais à m’habituer à la critique, comme un cheval s’habitue au feu. Grâce à quelques-uns de ces abus véniels de confiance, qui arrivent toujours en pareille occasion, mes entretiens particuliers avec la muse de fiction, devinrent matière à chuchotements dans le cercle de miss Fairscribe, où certaines personnes qui en faisaient l’ornement s’intéressaient beaucoup, à ce que je suppose, aux progrès de mon travail, tandis que d’autres « pensaient réellement que M. Chrystal Croftangry aurait dû, à son âge, avoir plus d’esprit. » Puis venaient les avis critiques, les remarques détournées, enfin toute cette raillerie à lèvres mielleuses qui convient à la situation d’un homme prêt à faire une folie, soit qu’il publie un livre, soit qu’il contracte un mariage : le tout accompagné des signes de tête et des coups d’œil discrets des amis qui sont dans la confidence, et de l’obligeante avidité des autres à connaître tout le secret.

Enfin l’affaire devint si publique que je me décidai à braver toute une réunion de personnes qui étaient venues prendre le thé, portant mon manuscrit dans ma poche, et cherchant à prendre l’air simple et modeste qu’un homme d’un certain âge doit avoir en pareille circonstance. Quand la théière eut fait le tour de la compagnie, quand les mouchoirs et les flacons furent préparés, j’eus l’honneur de lire la fille du chirurgien, pour l’amusement de la soirée. Tout se passa admirablement bien ; mon ami M. Fairscribe, qui s’était arraché à son bureau pour se joindre au cercle littéraire, ne s’endormit que deux fois, et se remit aisément à l’aide de sa tabatière. Les dames furent poliment attentives, et quand le chien, le chat ou un voisin causait quelque distraction, Katie Fairscribe,