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LES CHRONIQUES DE LA CANONGATE.

jamais ce domaine. Or le prix s’élevant de quelques mille livres au-dessus de la somme dont il voulait disposer, il était probable qu’il entrerait volontiers en arrangement avec quiconque désirerait racheter une des fermes dépendantes du domaine ; et il ne ferait même aucune difficulté de céder à son acquéreur conjoint la partie du domaine la plus désirable sous le rapport de la beauté, pourvu que le prix fut proportionné à sa valeur. M. Fairscribe s’engageait à défendre mes intérêts dans cette affaire, et me disait, dans sa lettre, que si réellement je désirais faire une telle acquisition, je n’avais rien de mieux à faire que de me rendre sur les lieux, me conseillant en même temps de garder sévèrement l’incognito, avis assez superflu, vu que je suis naturellement réservé et peu communicatif.






CHAPITRE III.

le domaine.


Chantez donc les messageries, et ne craignez point de reproches pour y être monté ; mais chaque jour, faites-vous y cahoter, tandis que sifflant et fouettant, fouettant et sifflant, le postillon court en avant.
Farquhar.


Enveloppé d’une redingote grise qui avait vu du service, un castor blanc sur la tête, et un gros bambou des Indes à la main, la semaine suivante me vit sur l’impériale d’une voiture publique roulant sur la route de l’ouest.

J’aime les diligences et je les déteste. Je les aime parce qu’elles sont commodes, mais je les déteste parce qu’elles changent tant de gens en coureurs de grands chemins, qui feraient beaucoup mieux souvent de rester tranquillement à leurs affaires, et de conserver l’empreinte d’originalité que la nature, ou l’éducation, peut avoir donnée à leur caractère. À peine partis, les voilà se heurtant les uns contre les autres dans cette bruyante machine, jusqu’à ce qu’il ne reste pas plus de différence entre eux qu’entre de vieux shillings usés par le frottement ; même avec leurs perruques et leurs grandes redingotes galloises, ils sont en tout les mêmes : nul d’entre eux n’a un caractère plus distinct qu’il ne