Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/112

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LETTRE X.

DARSIE LATIMER À ALAN FAIRFORD.


L’intrigue se complique. J’ai reçu votre lettre, et une aussi de votre père. La seconde me place dans l’impossibilité de me rendre à la pressante invitation de la première. Non — je ne puis aller vous rejoindre, Alan ; et ce, pour la meilleure de toutes les raisons ; — je ne puis et ne dois point contrarier les désirs inquiets de votre père. Je ne m’offense nullement de ce qu’il souhaite mon absence. Il est naturel qu’il désire pour son fils ce que son fils mérite si bien — l’avantage d’un compagnon plus sage et plus posé que moi. Et pourtant je suis certain de m’être souvent donné beaucoup de peine pour acquérir cette décence de conduite qu’on ne peut pas plus soupçonner de sortir des justes bornes, qu’un hibou de poursuivre un papillon.

Mais c’était vainement que je fronçais les sourcils, à m’en donner un mal de tête, pour m’attirer la réputation d’un jeune homme grave, solide et réfléchi. Votre père a toujours découvert ou cru découvrir une espèce d’extravagance qui se cachait sous les rides de mon front, et qui rendait ma société périlleuse pour le futur avocat et le juge à venir. Eh bien, la philosophie du caporal Nym me servira de consolation : — « Ça ira comme ça pourra ». — Je ne puis retourner dans la maison de votre père, puisqu’il souhaite ne pas m’y voir ; et quant à votre dessein de venir ici, — par tout ce qui m’est cher, je jure que si vous vous rendiez coupable d’un tel acte de légèreté et de folie — pour ne pas dire d’irrévérence et de cruauté, considérant les désirs et les idées de votre père — je ne vous parlerais de ma vie ; c’est fort sérieusement que je le dis. D’ailleurs votre père, tandis qu’il me défend en quelque sorte de revenir à Édimbourg, me donne les plus puissantes raisons de rester encore un certain temps où je suis, en me faisant espérer que je puis recevoir de votre vieil ami, M. Herries de Birrenswork, quelques renseignements sur mon origine, que cet ancien rebelle semble posséder.

Ce monsieur a mentionné le nom d’une famille du Westmoreland, à laquelle il me suppose allié. Mes recherches ici sur une