Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/250

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— malheureux dans vos tentatives, vos entreprises et vos relations, et que, par suite, il vous fallait mener une vie régulière et plus retirée, je n’aurais pu trouver — hé ! — que fort peu de plaisir — à aggraver votre position en vous tracassant, en exigeant des explications qui sont souvent plus faciles à demander qu’à donner. Mais quand il existe des mandats et des témoins qui constatent les noms, — quand ces noms, prénoms et surnoms appartiennent à — eh ! — une personne convaincue, — du moins accusée, — à tort, j’espère, — d’avoir — hem ! — profité des troubles nouveaux et des ferments de discorde pour recommencer nos querelles civiles, le cas change ; et je dois — hem ! — faire mon devoir. »

Le juge se leva en terminant ce discours, et prit un air aussi brave que possible. Je me rapprochais de lui et de son greffier, M. Faggot, croyant que l’instant était favorable pour ma délivrance, et je fis comprendre à M. Foxley que ma résolution était de lui prêter main-forte. Mais M. Herries ne fit que rire de l’attitude menaçante que nous prenions : Mon cher voisin, dit-il, vous parlez de témoins, — ce fou de mendiant est-il un témoin convenable dans une affaire de cette nature ?

— Mais vous ne pouvez nier que vous êtes M. Herries de Birrenswork, nommé dans le mandat d’arrêt du secrétaire d’État ?

— Comment puis-je nier ou avouer aucune chose en ce cas ? » répliqua Herries en ricanant. « Il n’existe plus maintenant de pareil mandat ; ses cendres, comme l’eussent été celles du pauvre traître qu’il menaçait, sont déjà dispersées aux quatre vents du ciel. Il n’existe plus de mandat au monde.

— Mais vous ne nierez pas que vous ne soyez la personne dont il y était question ; et que — hé ! — vos propres mains l’ont détruit ?

— Je ne nierai ni mon nom, ni mes actes, juge, quand je serai appelé par l’autorité compétente à les avouer ou à les défendre. Mais je résisterai à toute tentative impertinente, soit pour pénétrer dans mes motifs particuliers, soit pour se rendre maître de ma personne. Je suis bien disposé à le faire. J’espère donc que vous, mon cher voisin, mon camarade de chasse, après la sommation que vous m’avez faite, et mon ami que voilà, M. Nicolas Faggot, après l’humble avis et l’obligeant conseil qu’il m’a donnés de me livrer moi-même, vous vous considérerez comme ayant