Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/312

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« J’essayais, dit le prévôt, de dissuader notre jeune ami de cette folle expédition.

— Et moi, dit Fairford, je suis bien décidé à l’accomplir. M’en rapportant à vous, monsieur Maxwell, je crois me fier, comme je l’ai dit déjà, à la parole d’un gentilhomme.

— Je vous garantis de toute conséquence sérieuse : — Il faut vous attendre à quelques inconvénients.

— J’y suis complètement résigné, et vous me voyez tout prêt à en courir les risques.

— Eh bien, alors, jeune homme, il faut que vous alliez…

— Je vais vous laisser seuls, messieurs, » dit le prévôt en se levant ; « lorsque vous aurez fini de causer d’affaires, vous me trouverez chez ma femme auprès de la table à thé.

— Et jamais vieille femme plus accomplie n’en a bu une tasse, » répliqua Maxwell en fermant la porte ; « il se range toujours au dernier avis, n’importe qui le donne ; — et pourtant, comme il sait toujours bien se tirer d’embarras, comme il a la langue passablement déliée, comme il tient à d’assez bonnes familles, et surtout comme personne n’a jamais pu découvrir s’il est whig ou tory, voilà trois fois qu’on le nomme prévôt. — Mais venons au fait. Ce billet, M. Fairford, » continua-t-il en lui mettant dans la main une lettre cachetée, « est adressé, vous le voyez, à M. H — — de B — — , et vous servira de lettre de créance auprès de ce gentilhomme, qui est aussi connu sous son nom de famille Redgauntlet ; mais on le lui donne moins fréquemment, parce qu’il est mentionné d’une façon peu flatteuse dans certain acte du parlement. Je doute peu que M. H. ne vous donne toute satisfaction quant à la sûreté de votre ami, et qu’il ne lui rende bientôt la liberté, dans le cas, du moins, où il le retiendrait en ce moment. Mais l’essentiel est de découvrir sa retraite, — et avant que vous ayez pris connaissance de cette partie très-nécessaire de votre expédition, il faut que vous me donniez votre parole d’honneur que vous n’informerez personne, ni de vive voix, ni par écrit, de la démarche que vous allez faire.

— Comment, monsieur, pouvez-vous espérer que je ne prenne pas la précaution d’avertir certaines gens de la route que je vais prendre, afin qu’en cas d’accident on puisse savoir où je suis, et dans quelle intention j’y suis allé ?

— Et pouvez-vous espérer, » répondit Maxwell sur le même ton, « que je remette la sûreté de mon ami non-seulement entre