Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/320

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qu’il jeta dans la mangeoire, et l’animal, cessant ses hennissements, fit entendre le bruit que produisent les chevaux en mangeant leur provende. »

Comme le jour avait presque disparu, le vieillard, avec plus d’agilité qu’on ne s’y serait attendu d’après la rigidité de sa figure, ferma en une minute les volets, prit un briquet phosphorique et des allumettes, alluma une lanterne d’écurie, qu’il posa sur le coffre à l’avoine, puis adressa la parole à Fairford : « Nous sommes seuls ici, jeune homme ; et comme il y a déjà quelque temps de perdu, vous allez avoir la bonté de me dire tout nettement quel est le but de votre mission. Est-ce pour affaires commerciales ou pour l’autre entreprise ?

— Ma seule affaire avec vous, M. Trumbull, est de vous prier de m’indiquer le moyen de remettre cette lettre de M. Maxwell de Summertrees au laird de Redgauntlet.

— Hum ! une fâcheuse corvée ! — cette tête de Maxwell sera toujours le vieil homme, — toujours Tête-en-Péril, Péril-en-Tête, à ce que je vois. Montrez-moi sa lettre. »

Il l’examina avec beaucoup de soin, la tournant et la retournant dans tous les sens, regardant surtout le cachet avec attention. « Tout est en règle, je vois ; et elle porte la marque particulière qui indique qu’elle est pressée. Je bénis mon Créateur de n’être ni grand moi-même, ni compagnon des grands : aussi, lorsque je me mêle de ce qui les concerne, n’est-ce jamais que pour les aider un peu, par suite d’affaires. — Vous êtes étranger à ce pays, j’imagine ? »

Fairford répondit affirmativement.

« Oui ! — reprit le vieillard, — je ne les ai jamais vus faire un choix plus sage : — il faut que j’appelle quelqu’un pour vous indiquer ce que vous avez à faire. — Attendez, mieux vaut aller le trouver, je crois. Vous m’êtes bien recommandé, l’ami, et sans doute l’on peut se fier à vous ; car vous allez en voir plus que je n’en montre à tout le monde, par suite d’affaires. »

En parlant ainsi, il plaça sa lanterne à terre, auprès d’un poteau qui marquait une des trois places destinées aux chevaux, tira un petit verrou qui le fixait au sol, puis poussant le poteau de côté, il découvrit une trappe très-étroite. « Suivez-moi, » dit-il, et il s’enfonça dans la descente souterraine dans laquelle cette ouverture secrète donnait accès.

Fairford s’engouffra après lui, non sans crainte de plus