Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/351

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souffrances. Lorsque le soleil fut arrivé au plus haut point de sa course, il devint plus malade ; son odorat parut acquérir un degré de finesse plus grand que de coutume, simplement pour qu’il pût respirer et distinguer toutes les différentes odeurs qui l’entouraient, depuis celles de la poix jusqu’aux exhalaisons détestables des diverses marchandises. Son cœur battait violemment, et il sentait les progrès rapides de la fièvre brûlante qui le travaillait.

Les marins, qui étaient polis et pleins d’attention, vu la rudesse de leur profession, remarquèrent ses souffrances : l’un parvint à lui faire une tente avec une vieille voile, tandis qu’un autre fit un peu de limonade, seul breuvage avec lequel le passager voulut mouiller ses lèvres. Après avoir bu, il obtint quelques heures d’un sommeil agité, si toutefois cet état pouvait même s’appeler un sommeil.


CHAPITRE XV.

SUITE DES AVENTURES D’ALAN FAIRFORD.

LES VESTALES.


Le courage d’Alan Fairford à supporter la douleur était plus grand que sa force physique à l’endurer. En dépit de ses efforts, quand il s’éveilla, après un engourdissement de cinq ou six heures, il se trouva tellement abattu par le mal de tête et par des souffrances aiguës dans tous les membres, qu’il ne put se lever sans assistance. Il apprit avec un certain plaisir que le bâtiment se dirigeait alors en droite ligne vers la rivière de Wampool, et qu’il serait mis à terre avant fort peu de temps. En effet, le brick jeta bientôt l’ancre ; on plia le pavillon dans sa hauteur, de manière qu’il ne format plus qu’un faisceau, et des signaux y répondirent de la terre. On vit alors des hommes et des chevaux descendre le chemin roide qui conduit au rivage : les derniers étaient équipés de manière à porter des fardeaux. Vingt barques de pêcheurs furent mises en mer à la fois, et entourèrent bientôt le petit brick avec force cris, rires, jurements et plaisanteries. Au milieu de toute cette confusion apparente, il y avait une régularité essen-