Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/379

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quelle situation se trouve votre pupille, depuis qu’il est rentré sous votre autorité paternelle. On voudrait traiter avec vous de la mise en liberté de votre parent. Nous recommandons ce parti à votre prudence, désapprouvant hautement toute voie de fait et toute violence non nécessitée, et souhaitant, en conséquence, que cette négociation se termine heureusement. Dans tous les cas, le porteur de la présente a notre parole pour garant de sa sûreté et de sa liberté : il vous faut donc aviser à la stricte exécution de cette promesse, si vous estimez notre honneur et le vôtre. Nous désirons de plus causer avec vous, dans le plus bref délai possible, car nous avons à vous communiquer des choses de la plus haute importance. C’est pourquoi nous voudrions que vous vinssiez ici sans perdre un seul instant. Sur ce, nous vous souhaitons cordialement le bonjour.

P. B. »

« Vous comprenez bien, monsieur, dit le prêtre, lorsqu’il vit qu’Alan avait lu la lettre, qu’en vous chargeant de cette missive, vous vous engagez à en attendre l’effet avant de recourir à des moyens légaux, comme vous les appelez, pour obtenir la délivrance de votre ami.

— J’aperçois quelques lignes écrites en chiffres, » dit Fairford après avoir pris une lecture attentive du papier, — « puis-je demander ce qu’elles signifient ?

— Elles concernent mes propres affaires, » répondit le père brièvement, « et n’ont aucun rapport aux vôtres.

— il me semble pourtant naturel de supposer…

— Il ne faut rien supposer d’incompatible avec mon honneur, interrompit le prêtre ; lorsqu’un homme tel que moi accorde une faveur, il a droit de s’attendre à la voir acceptée avec reconnaissance ou refusée avec respect ; — mais point de questions, point de discussion !

— Alors j’accepterai votre lettre, » dit Fairford après une minute de réflexion ; « et la gratitude que vous attendez vous sera très-libéralement payée si le résultat répond à l’espérance que vous me faites concevoir.

— Dieu seul détermine l’issue ; l’homme emploie les moyens. Vous entendez bien, n’est-ce pas, qu’en vous chargeant de cette missive vous vous engagez sur l’honneur à attendre l’effet qu’elle produira sur M. Redgauntlet, avant d’avoir recours aux enquêtes judiciaires et aux mandats d’arrêt.

— Je m’y tiens pour obligé, en homme de foi et d’honneur.