Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/450

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crisie, ordinairement si tranquille, mise au grand jour par tes procédés violents.

— Moi, un perturbateur de la paix publique ! s’écria Josué, moi, avoir rien fait de contraire aux principes des amis ! Prouve-le, je t’en défie, homme méchant ; et je t’adjure, comme chrétien, de cesser d’assaillir mon âme par de semblables accusations : il est déjà trop pénible pour moi d’avoir vu des violences que je ne pouvais empêcher.

— Oh ! Josué, Josué ! » répliqua Redgauntlet, avec un sourire sardonique, « toi, lumière des fidèles dans la ville de Dumfries et dans les environs, manqueras-tu aussi manifestement à la foi ? N’as-tu pas tenté devant nous tous de protéger un homme contre un mandat légal ? n’as-tu pas encouragé ce vilain ivrogne à tirer son sabre ? — et toi-même n’as-tu pas brandi ton bâton dans cette affaire ? Penses-tu que les serments de l’offensé Pierre Peebles et du consciencieux Cristal Nixon, sans parler de ceux des gens honnêtes qui ont été ici témoins de cette scène étrange, et qui non-seulement jurent aussi aisément qu’ils mettent un habit, mais encore pour qui les serments, en matière de douane, sont littéralement le boire et le manger ; — penses-tu, dis-je, que tous ces serments auront moins de valeur que tes oui et tes non ?

— Je jurerai tout ce qu’on voudra, dit Pierre. Tout est en règle quand il s’agit d’un serment ad litem.

« — Vous me faites une criante injustice, » répliqua le quaker, que ne démontaient pas les éclats de rire universels. « Je n’ai pas encouragé à en venir aux armes, quoique j’aie tâché d’émouvoir un homme injuste par quelques arguments ; — je n’ai point brandi de bâton, quoiqu’il se puisse que le vieil Adam ait remué en moi, et que par suite j’aie serré plus fortement que d’habitude mon bâton de chêne, en voyant l’innocence succomber sous la force. — Mais pourquoi parlerais-je raison et vérité à un homme comme toi, qui fus dès ta jeunesse un homme violent ? — Il faut que je te parle plutôt un langage que tu puisses comprendre. Remets ces jeunes gens entre mes mains, « dit-il à Redgauntlet, qu’il avait emmené quelque peu à l’écart, « et non-seulement je me désisterai de toute demande en dommages et intérêts que je puis former contre toi qui n’as point hésité à violer ma propriété, mais encore je te paierai une bonne rançon pour eux et pour moi. Quel profit t’en reviendra-t-il, quand tu auras fait souffrir ces jeunes gens en les retenant captifs ?