Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/478

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— L’intérêt que vous prenez à mon excellent ami Latimer, » répliqua Fairford en reculant d’un pas et en mettant plus de réserve dans ses manières, « me donne doublement le droit d’être utile à… » il s’arrêta court.

« À sa sœur, voulez-vous dire sans doute ?

— À sa sœur, mademoiselle ! » répliqua Fairford au comble de la surprise, « à sa sœur d’affection seulement, je présume.

— Non, monsieur ; mon cher Darsie et moi sommes unis par les liens d’une parenté véritable ; et je ne suis pas fâchée d’être la première à l’apprendre à l’ami qu’il estime le plus. »

La première pensée de Fairford fut pour la passion violente que Darsie disait ressentir à l’égard de la belle inconnue. « Bon Dieu ! s’écria-t-il, comment a-t-il supporté cette découverte ?

— Avec résignation, j’espère, » dit Lilias en souriant. « Il aurait pu rencontrer aisément une sœur plus accomplie, mais il n’aurait pu en retrouver une qui l’aimât plus tendrement.

— Je voulais, — je voulais seulement dire, » balbutia le jeune avocat, sa présence d’esprit l’abandonnant pour un instant, — « c’est-à-dire, je voulais vous demander où est en ce moment Darsie ?

— Dans cette maison même, et sous la tutelle de son oncle, que vous connaissez, je crois, pour l’avoir vu en visite chez votre père, sous le nom de M. Herries de Birrenswork.

— Il faut que je le voie de suite, répliqua Fairford ; je l’ai cherché à travers mille fatigues et mille dangers ; — il faut que je me rende immédiatement près de lui.

— Vous oubliez que vous êtes prisonnier.

— C’est vrai, bien vrai ; mais je ne puis être long-temps détenu, — le motif qu’on allègue est trop ridicule.

— Hélas ! notre sort, — le mien et celui de mon frère du moins, — dépendent des résolutions qui vont être prises peut-être avant une heure d’ici. — Quant à vous, monsieur, je crois que vous n’avez à craindre qu’une courte détention ; mon oncle n’est ni cruel ni injuste, quoique peu de personnes soient plus dévouées à la cause qu’il a épousée.

— Et qui est celle du Prétendant…

— Au nom du ciel ! parlez plus bas, » interrompit Lilias en avançant sa main comme pour lui fermer la bouche. « Ce mot pourrait vous coûter la vie. Vous ne savez pas, — en effet, vous ne pouvez savoir — combien est terrible la position où nous sommes en ce moment, et dans laquelle j’ai peur de vous voir entraîné aussi par amitié pour mon frère.

— En effet, je ne connais pas bien précisément notre situation présente ; mais quelque grand que puisse être le péril, je n’en répudierai point ma part, pour sauver mon ami, ou, » ajouta-t-il