Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/103

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friandises les plus succulentes qui les composaient étaient différents plats de mouton, de chevreau et de gibier, produit des montagnes. Il sembla pourtant à Arthur Philipson et à son père que les avantages d’une bonne chère étaient plus prisés par le banneret de Berne et le bourgeois de Soleure, que par leur hôte le landamman et le député de Schwitz. Il ne se commettait aucun genre d’excès, comme nous l’avons déjà dit ; mais les députés sus mentionnés connaissaient évidemment l’art de se choisir les meilleurs morceaux, et étaient connaisseurs en bon vin, surtout pour ceux des crus étrangers dont ils les arrosaient avec plaisir. Arnold était encore trop sage pour censurer une chose qu’il n’avait pas moyen de corriger ; il se contentait d’observer lui-même une diète rigoureuse, ne vivant presque que de légumes et d’eau claire, en quoi il était scrupuleusement imité par la vieille barbe grise Nicolas Bonstetten, qui semblait se proposer pour but unique de suivre l’exemple du landamman en toute chose.

Ce fut, comme nous l’avons déjà dit, le troisième jour seulement, après le commencement du voyage, que la députation suisse arriva dans le voisinage de Bâle, ville qui était alors une des plus considérables de l’extrémité sud-ouest de l’Allemagne, et où les voyageurs se proposaient de passer la nuit, ne doutant en aucune façon d’une réception amicale. Cette cité ne faisait pas alors, il est vrai, et même ne fit que plus de trente ans après, partie de la confédération suisse, à laquelle elle ne se joignit qu’en 1501 ; mais c’était une ville libre et impériale, unie à Berne, Soleure, Lucerne, et d’autres cités helvétiques, par des intérêts communs et de constantes relations. L’objet de la députation était de négocier, s’il était possible, une paix qui ne pourrait pas être plus avantageuse à la Suisse qu’à la cité de Bâle elle-même, vu les interruptions de commerce qui devaient être occasionnées par une rupture entre le duc de Bourgogne et les cantons, et l’immense profit que retirerait cette ville en gardant la neutralité, située comme elle l’était entre ces deux puissances ennemies.

Ils s’attendaient donc, de la part des autorités de Bâle, à un accueil non moins cordial que celui qu’ils avaient reçu partout sur le territoire de leur propre confédération, puisque les intérêts de cette ville étaient si intimement liés aux objets de leur mission. Le chapitre suivant montrera comment cette attente se réalisa.