Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/111

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der et de garder avec des sentinelles. Ils se convainquirent aussi, par de minutieuses perquisitions, que s’il était possible qu’un individu se trouvât caché au milieu d’un pareil amas de ruines, néanmoins il ne se pouvait aucunement qu’un nombre d’hommes assez considérable pour être à craindre à une troupe comme la leur y fût demeuré sans qu’ils les eussent indubitablement découverts. Ces détails furent rapportés au banneret, qui ordonna à Donnerhugel de prendre le commandement de cinq ou six jeunes gens qu’il put choisir à son gré pour faire patrouille au dehors des bâtiments jusqu’au premier chant du coq, et revenir à cette heure au château, où pareil nombre d’hommes les remplacerait jusqu’à la pointe du jour, pour être eux-mêmes relevés alors à leur tour. Rudolphe déclara qu’il était résolu à rester de garde toute la nuit ; et comme il était aussi remarquable pour sa vigilance que pour sa force et son courage, la garde extérieure fut considérée comme suffisamment sûre, d’autant mieux qu’il fut arrêté que, en cas de rencontre soudaine, le son rauque et sévère du cornet suisse serait le signal d’envoyer au secours des hommes de patrouille.

À l’intérieur du château, les précautions furent prises avec une égale exactitude : une sentinelle, qui devait être relevée de deux en deux heures, fut placée à la porte principale, et deux autres montèrent la garde de l’autre côté du château, quoique le fossé parût rendre impossible toute attaque dans cette direction.

Lorsque tout fut ainsi réglé, le reste de la troupe s’assit pour faire honneur au souper, les députés occupant le haut bout de la table, et les gens de leur escorte se plaçant avec le reste à l’autre extrémité du vaste appartement. Quantité de foin et de paille qui avaient été laissés empilés dans le château désert, servirent à l’usage auquel ils avaient été indubitablement destinés par les citoyens de Bâle, et grâce à des capotes et à des manteaux, firent de bons lits que trouvèrent excellents des hommes robustes qui, à la guerre et à la chasse, se contentaient souvent de passer la nuit en plein air et sur la dure.

L’attention des Bâlois avait été jusqu’à préparer pour Anne de Geierstein un appartement séparé, plus convenable à son usage que celui qui était assigné aux hommes de la troupe ; une pièce, qui avait probablement fait la dépense du château, donnait dans la grande salle, et avait aussi une porte de derrière conduisant par un passage secret qui aboutissait aux ruines. Mais cette issue avait été faite à la hâte, quoique soigneusement murée par de grosses