Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/26

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blement incertain et dangereux. » Les voyageurs, après cette admonition, s’enfoncèrent plus avant dans le collet de leurs manteaux, abaissèrent leurs bonnets sur leurs yeux d’un air résolu, resserrèrent la boucle des larges ceintures qui retenaient les manteaux eux-mêmes. Ayant chacun un bâton de montagnard muni d’une bonne pointe de fer dans la main, ils continuèrent leur route avec une activité intrépide et un courage inébranlable.

À chaque pas, la scène semblait changer autour d’eux. Chaque montagne, comme si sa forme roide et immuable était flexible et changeante, variait en apparence comme celle d’une apparition infernale, suivant que la position des étrangers, par rapport à elles, changeait avec leurs mouvements, et que le brouillard, qui continuait lentement, quoique constamment, à descendre, influait sur l’aspect rocailleux des monts et des vallées qu’il recouvrait de son manteau vaporeux. La nature de leur marche aussi, jamais directe, mais serpentant par un étroit sentier qui suivait les sinuosités de la vallée et faisait de nombreux circuits autour des précipices et d’autres obstacles qu’il était impossible de surmonter, ajoutait à la variété sauvage d’un voyage où les étrangers finirent par perdre entièrement toute idée vague de la terreur qu’ils avaient précédemment conçue touchant la direction dans laquelle la route les conduisait.

« Je voudrais, dit le plus âgé, que nous eussions cette aiguille mystique dont parlent les marins, qui se tourne toujours vers le nord, et qui les met à même de tenir leur route au milieu des mers, lorsqu’il n’y a ni cap, ni promontoire, ni soleil, ni lune, ni étoile, ni aucun signe au ciel et sur la terre pour leur dire comment ils doivent se diriger. — Elle nous serait presque inutile au milieu de ces montagnes, répondit le jeune homme ; car, quoique cette merveilleuse aiguille puisse maintenir sa pointe vers l’étoile polaire du nord, lorsqu’elle est sur une surface unie comme la mer, on ne doit pas penser qu’elle le ferait encore lorsque ces hautes montagnes s’élèvent comme des murs entre l’acier et l’objet de sa sympathie. — J’ai bien peur que notre guide, qui s’est montré d’heure en heure plus stupide depuis qu’il a quitté sa vallée natale, ne devienne aussi inutile que vous supposez devoir le devenir la boussole au milieu des montagnes de ce pays sauvage… Pouvez-vous dire, mon garçon, » demanda-t-il en s’adressant à Antonio en mauvais italien, « si nous sommes dans la route que nous voulons suivre. — S’il plaît à saint Antonio, » répondit le guide