Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/375

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qui aient pu blesser vos sentiments particuliers, nous les rétractons aussi publiquement que les reproches ont été adressés, et nous sommes prêts à vous entendre comme envoyé digne de foi. — Je vous rends grâces de ces dernières paroles, mon noble seigneur. Et je bénirai ce jour, si je puis trouver des paroles dignes de la cause que j’ai à défendre. Monseigneur, une note remise entre les mains de Votre Altesse mentionne les nombreuses injustices que nous ont fait subir vos officiers et ceux de Roment, comte de Savoie, votre intime allié et conseiller, que nous pouvons supposer, par conséquent, soutenu par Votre Altesse. Quant au comte Roment… il a déjà vu à qui il avait affaire. Mais nous n’avons encore pris aucune mesure pour punir les injustices, les affronts, les empêchements mis à notre commerce par ceux qui ont profité de la puissance de Votre Altesse pour arrêter nos compatriotes, piller leurs biens, incarcérer leurs personnes, et même, en certaines occasions, les mettre à mort. La révolte de La Ferette… je puis garantir ce que j’avance… n’a été ni causée, ni provoquée par nous : néanmoins, il est impossible à une nation indépendante de souffrir le renouvellement de pareilles injures, et nous sommes bien résolus à rester libres et indépendants, ou à mourir pour la défense de nos droits. Que s’ensuivra-t-il donc si Votre Altesse n’accepte pas les conditions que je suis chargé de lui offrir ? La guerre… une guerre d’extermination ; car aussi long-temps qu’un seul membre de notre confédération pourra manier une hallebarde, aussi longtemps durera, si cette lutte fatale s’engage une fois, la guerre entre vos puissants royaumes et nos états aussi pauvres que stériles. Et que peut gagner le duc de Bourgogne à une pareille lutte ?… est-ce richesses et butin ? Hélas ! monseigneur, il y a plus d’or et d’argent aux seuls mors des chevaux de la maison de Votre Altesse, qu’on n’en pourrait trouver dans les trésors publics et dans les bourses particulières de toute notre confédération. Aspirez-vous à la gloire et à la renommée ? Il y a peu d’honneur à recueillir par une armée nombreuse contre quelques bandes éparses, par des hommes revêtus de cottes de mailles sur des laboureurs et des bergers à demi armés… Il y aurait peu de mérite à vaincre. Mais si, comme le croient tous les chrétiens, et comme en sont fermement convaincus mes compatriotes qui se souviennent des temps de nos pères… si le Dieu des armées faisait pencher la balance en faveur du petit nombre et des soldats les moins bien armés, je vous laisse à penser, monseigneur, combien souffriraient, dans ce cas, votre