Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/472

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geât Arthur à s’avancer, comme c’en était bien une, au milieu d’une embuscade, le duc secoua la tête, abaissa ses longs sourcils, et murmura en lui-même : « Ils en veulent à Oxford peut-être… ces Italiens sont vindicatif. » Puis relevant la tête, il commanda à Arthur de continuer.

Il apprit avec une espèce d’extase la mort de Rudolphe Donnerhugel, et ôtant de son cou une chaîne d’or massif, il la passa à celui d’Arthur.

« Ma foi ! tu as accaparé tout l’honneur pour toi, jeune Arthur… c’était l’ours le plus redoutable d’eux tous… les autres en comparaison ne sont que de petits chiens à la mamelle ! Je crois avoir trouvé un jeune David capable de tenir tête à leur colossal Goliath ; mais l’imbécile ! s’imaginer que sa main de paysan pourrait manier une lance ! Eh bien, mon brave garçon… quoi encore ? comment leur as-tu échappé ? par un prodige d’adresse, par un miracle d’agilité, je suppose. — Pardonnez-moi, mon seigneur, j’ai été protégé par leur chef, Ferrand, qui a considéré ma rencontre avec Rudolphe Donnerhugel comme un duel personnel ; et désirant faire, a-t-il dit, la guerre avec loyauté, il m’a congédié honorablement avec mon cheval et mes armes. — Hum ! » dit Charles, sa mauvaise humeur revenant… « votre prince l’aventurier veut faire le généreux… Hum ! bien… c’est un rôle qui peut lui convenir ; mais ce ne sera point une ligne de conduite d’après laquelle je dirigerai la mienne. Continuez votre récit, Arthur de Vere. »

Lorsqu’Arthur, continuant, raconta comment et dans quelles circonstances le comte Albert de Geierstein s’était nommé à lui, le duc le regarda d’un air furieux, et tremblant d’impatience, l’interrompit brusquement par cette question : « Et vous ! vous l’avez frappé de votre poignard sous la cinquième côte, n’est-ce pas ? — Non, monseigneur, un serment mutuel nous ordonnait de veiller au contraire à la sûreté l’un de l’autre. — Cependant vous le connaissiez pour être mon mortel ennemi ? Allez, jeune homme, votre froide indifférence a effacé votre mérite. La vie laissée à Albert de Geierstein balance la mort de Rudolphe Donnerhugel. — Soit, monseigneur, » dit Arthur hardiment ; « je ne demande pas vos éloges plus que je ne cherche à me soustraire à votre censure. J’avais pour me conduire, dans ces deux cas, des motifs à moi personnels… Donnerhugel était mon ennemi ; quant au comte Albert, je lui dois quelque tendresse. »

Les nobles Bourguignons qui se trouvaient présents furent épou-