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LE TALISMAN,
SECONDE NOUVELLE
TIRÉE DE L’HISTOIRE DES CROISADES[1].



CHAPITRE PREMIER.

LE COMBAT AU DÉSERT.


Tous deux se retirèrent au désert, mais ce fut avec leurs armes.
Milton. Le Paradis reconquis.


Le soleil brûlant de la Syrie n’avait pas encore atteint son plus haut point sur l’horizon : un chevalier qui avait quitté son lointain pays du Nord, pour joindre l’armée des croisés en Palestine, traversait lentement les déserts sablonneux situés dans le voisinage de la mer Morte, ou du lac Asphaltite, mer intérieure, dans laquelle vont s’épancher les eaux du Jourdain, et qui elle-même n’a pas d’issue.

Le pèlerin guerrier avait péniblement franchi, pendant la première partie du jour, des précipices et des rochers ; sortant ensuite de ces défilés, il entra dans cette vaste plaine où les villes maudites appelèrent jadis sur elles la vengeance du Tout-Puissant.

La fatigue, la soif, les dangers de la route, tout fut oublié, lorsque le voyageur se rappela l’épouvantable catastrophe qui avait converti en un triste et aride désert la belle et fertile vallée de Sodome, autrefois arrosée par des eaux fécondes, et semblable au jardin du Seigneur, maintenant lande inculte et brûlée, condamnée à une stérilité éternelle.

À la vue de ce sombre amas d’eaux, si différentes pour la couleur et la qualité de celles de tous les autres lacs, le voyageur frémit et fit le signe du chrétien : il se rappela que sous ces vagues dormantes gisaient les orgueilleuses cités jadis debout dans la plaine : les foudres célestes ou l’éruption des feux souterrains avaient creusé leur tombeau, et leurs débris restaient ensevelis

  1. Ce roman a été publié par M. Defauconpret sous le titre de Richard en Palestine. a. m.