Il ne se plaignit donc pas du traitement qu’il venait d’éprouver. Traversant le labyrinthe formé par les tentes, il conduisit en silence le chevalier vers le côté opposé du pavillon. Tous deux se trouvèrent ainsi à l’abri des regards des sentinelles, qui paraissaient trop négligentes ou trop endormies pour remplir leur devoir avec une bien grande exactitude. Arrivés là, le nain souleva le bas de la toile qui recouvrait la tente, et fît signe à sir Kenneth de s’y introduire en se glissant dessous. Le chevalier hésita. Il lui parut qu’il y avait quelque chose d’indélicat à pénétrer furtivement dans un pavillon qui servait sans doute de logement à d’illustres dames ; mais il se rappela les garanties que le nain lui avait données, et en conclut que ce n’était pas à lui de contrarier la volonté de la dame de ses pensées.
Il se baissa donc et se glissa sous la toile, et entendit le nain lui dire tout bas à l’oreille : « Reste là jusqu’à ce que je t’appelle. »
CHAPITRE XIII.
LE PAVILLON.
Sir Kenneth fut livré pendant quelques minutes à la solitude et à l’obscurité. C’était un nouveau retard qui devait prolonger son absence de son poste, et il commença presque à se repentir de la facilité avec laquelle il s’était décidé à le quitter. Mais y retourner sans voir Édith était une chose à laquelle il ne pouvait songer. Après s’être décidé à violer les lois de la discipline militaire, il était résolu du moins à attendre la réalisation des séduisantes espérances qui l’avaient entraîné hors de son devoir. En attendant, sa situation était pénible. Il n’y avait aucune lumière qui pût lui montrer dans