cher avec précaution jusqu’à ce qu’il rejoignît l’avenue dont le nain l’avait écarté pour éviter d’être remarqué par les gardes de la reine, force lui fut de cheminer lentement et avec précaution, de crainte de donner l’alarme, soit en tombant, soit par le bruit de son armure. Un léger nuage avait obscurci la lune à l’instant même où il quittait la tente, et c’était un inconvénient de plus pour lui au moment où la confusion de son esprit et la plénitude de son cœur lui laissaient à peine la faculté de diriger ses mouvements. Mais tout-à-coup son oreille fut frappée de sons qui lui rendirent subitement toute l’énergie de ses facultés. Ils partaient du mont Saint-George. Il entendit d’abord un seul aboiement furieux et effrayant, qui fut bientôt suivi d’un cri d’agonie… Jamais daim, à la voix de Roswall, ne bondit avec autant d’effroi que sir Kenneth lorsqu’il crut entendre le cri de mort de son noble lévrier, à qui un mal ordinaire n’aurait pu arracher le moindre signe de douleur. Il franchit l’espace qui le séparait encore de l’avenue, et ayant enfin atteint la route directe, il se mit à courir vers le mont avec une telle vitesse, malgré le poids de son armure, qu’il n’eût pas été facile à un homme même désarmé de le suivre. Il gravit, sans ralentir le pas, la pente escarpée du monticule, et en moins de quelques minutes, il était arrivé à la plate-forme qui se trouvait au sommet. La lune en ce moment perça le nuage qui la couvrait, et lui montra que la bannière d’Angleterre avait disparu ; le bâton au bout duquel elle flottait était brisé à terre, et à côté gisait son fidèle lévrier, livré en apparence aux dernières angoisses de la mort.
CHAPITRE XIV.
LA BANNIÈRE ENLEVÉE.
Après s’être livré à une foule de sensations affligeantes dont la violence l’étourdit et le consterna d’abord, la première pensée de