Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 22, 1838.djvu/25

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Les deux champions présentaient un contraste frappant pour la taille et pour la figure, et chacun offrait un type assez exact de la nation à laquelle il appartenait. Le Franc était un homme robuste, taillé d’après l’ancien modèle gothique. Lorsqu’il ôta son casque ; il montra une tête couverte d’une profusion de cheveux châtains épais et bouclés. La chaleur du climat avait donné à ses traits une teinte beaucoup plus foncée que celle de sa peau naturelle, comme l’annonçaient assez les autres parties de son corps, moins fréquemment exposées à l’air, et qui étaient plus d’accord avec la teinte de ses grands yeux bleus bien fendus, ainsi qu’avec la couleur de ses cheveux. Une épaisse moustache ombrageait sa lèvre supérieure, tandis que son menton était soigneusement rasé d’après la coutume normande. Son nez avait la belle forme grecque ; sa bouche, un peu grande peut-être, était garnie d’une double rangée de dents régulières et d’une blancheur éclatante ; sa tête, assez petite, était posée sur son cou avec beaucoup de grâce. Son âge ne paraissait pas excéder trente ans ; et en considérant les effets de la fatigue et du climat, il était possible qu’il eût trois ou quatre années de moins. Sa taille était haute, robuste et athlétique… c’était celle d’un homme dont la forme pouvait avec l’âge dégénérer en pesanteur, bien qu’elle fût encore unie à l’activité et à la souplesse. Lorsqu’il ôta ses gantelets, il montra des mains blanches, longues et bien formées ; les os des poignets étaient remarquables par leur saillie, et ses bras se distinguaient aussi par leurs belles proportions et leur force nerveuse. Un air d’assurance militaire, une franchise pleine d’insouciance caractérisaient ses gestes et son langage… Le ton de sa voix était celui d’un homme plus accoutumé à commander qu’à obéir, et qui avait l’habitude d’exprimer son opinion hardiment et sans réserve toutes les fois qu’il était appelé à le faire.

L’émir sarrasin formait le contraste le plus remarquable avec le croisé de l’Occident. Sa taille, quoique au dessus de la moyenne, était inférieure de trois pouces au moins à celle de l’Européen, dont la stature était presque gigantesque. Ses membres minces et déliés, la longueur de ses bras et ses mains peu charnues, quoique bien proportionnés à sa personne et en harmonie avec son organisation physique, ne paraissaient pas au premier coup d’œil susceptibles de cette vigueur et de cette élasticité dont l’émir venait si récemment de faire preuve. Mais en l’examinant avec plus d’attention, ceux de ses membres qui étaient exposés à l’œil paraissaient