Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 22, 1838.djvu/42

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« Brave étranger, dit-il, apprends donc notre histoire. Pendant que le cruel Zohauk, un des descendants de Griamschid, occupait le trône de Perse, il forma une ligue avec les puissances des ténèbres, au milieu des voûtes mystérieuses d’Istakhar, voûtes que la main des esprits élémentaires avait creusées dans le roc vif, longtemps avant qu’Adam fût créé. Là il nourrissait avec des offrandes quotidiennes de sang humain deux serpents dévorants qui étaient devenus, suivant les poètes, une partie de lui-même, et pour l’aliment desquels il imposait chaque jour le nouveau tribut d’une victime humaine. Mais enfin, la patience de ses sujets étant épuisée, quelques uns tirèrent le glaive du fourreau. De ce nombre furent le vaillant forgeron et le victorieux Feridoun, par qui le tyran fut enfin détrôné et renfermé pour jamais dans les sombres cavernes du mont Damavend. Mais avant que l’affranchissement de la Perse eût pu s’effectuer, et tandis que la puissance de ce monstre sanguinaire était à son plus haut point d’élévation, une troupe d’esclaves ravisseurs, qu’il avait envoyée se pourvoir de victimes pour ses sacrifices journaliers, ramena sous les voûtes du palais d’Istakhar sept sœurs, toutes si belles qu’elles semblaient sept houris. Ces jeunes beautés avaient pour père un sage qui ne possédait d’autres trésors que ses filles et sa propre sagesse. Cette dernière ne lui suffit pas pour prévoir ce malheur que tous ses efforts ne purent empêcher. L’aînée des sœurs n’avait pas dépassé sa vingtième année, la plus jeune atteignait à peine sa treizième ; et telle était la ressemblance qui existait entre elles, qu’on eût eu de la peine à les distinguer sans la différence de leurs tailles, chacune s’élevant presque insensiblement au dessus de sa cadette, comme les degrés qui conduisent aux portes du paradis. Ces jeunes filles parurent si belles lorsqu’elles furent amenées sous les voûtes ténébreuses, et dépouillées de tous leurs vêtements, à l’exception d’une simarre de soie blanche, que leurs charmes attendrirent ceux qui n’étaient pas mortels. Le tonnerre gronda, la terre fut ébranlée, les rochers de la voûte s’entr’ouvrirent, et laissèrent passage à un être qui parut tout-à-coup habillé en chasseur, avec un arc et des flèches, et suivi de ses six frères. Ils étaient tous de grande taille, et, quoique leurs traits fussent sombres, ils étaient beaux à voir ; mais leurs yeux avaient plutôt l’effrayante fixité de ceux des morts, que l’éclat qui étincelle sous la paupière des vivants : « Zeineb, » dit le chef de la bande ; et, en parlant ainsi, il prit la main de l’aînée des sœurs à laquelle il s’adressait d’un ton de voix bas, doux et mé-