Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/105

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mes frugals. — Avant de manger, milord prévôt, dit le bailli, permettez-nous de vous exposer le motif urgent de notre visite, que nous n’avons pas encore touché. — Oh ! je vous en prie, bailli, différez jusqu’après déjeuner. Quelque plainte contre ces maudites cottes de mailles ou des suivants de nobles pour avoir joué au ballon dans les rues de la ville, ou quelque importante affaire comme cela ?…. — Non, milord, » dit Craigdallie d’un ton ferme et énergique. « C’est des maîtres de ces cottes de mailles que nous venons nous plaindre, qui jouent au ballon avec l’honneur de nos familles, et qui font aussi peu de cérémonie pour les chambres à coucher de nos filles que si c’était un mauvais lieu de Paris. Une bande de promeneurs nocturnes, de courtisans, de jeunes hommes d’un haut rang, comme on a trop de raisons pour le croire… ont voulu escalader la fenêtre de la maison de Simon Glover, la nuit dernière. Ils ont dégainé lorsque Henri Smith est venu les interrompre dans leur entreprise, et n’ont cessé de combattre qu’à l’arrivée des citoyens. — Comment ? » dit sir Patrick reposant la coupe qu’il allait porter à ses lèvres. « Morbleu ! prouvez-moi la chose, et par l’âme de Thomas de Longueville, je verrai à vous faire justice de tout mon pouvoir, dût-il m’en coûter la vie et mes propriétés… Qui atteste ce fait ?… Simon Glover, on vous tient pour honnête et prudent, prenez-vous la vérité de cette accusation sur votre conscience ? — Milord, dit Simon, comprenez que je ne porte pas volontairement plainte dans cette importante affaire. Nul dommage n’est advenu, sinon aux perturbateurs mêmes de la paix. Je crains qu’un pouvoir supérieur n’ait encouragé une audace si contraire aux lois ; et il me répugne d’exciter à propos de moi une haine à mort entre ma ville natale et quelque puissant noble. Mais on a dit que si j’hésitais à poursuivre cette affaire, c’était presque avouer que ma fille attendait une telle visite, ce qui est une horrible fausseté. C’est pourquoi, milord, je dirai à Votre Seigneurie ce qui est arrivé à ma connaissance, laissant les mesures ultérieures à votre sagesse. » Il exposa alors de point en point tout ce qu’il avait vu de l’attaque.

Sir Patrick, l’écoutant avec beaucoup d’attention, parut surtout frappé de l’évasion de l’homme qui avait été fait prisonnier. « Il est étrange, dit-il, que vous ne vous en soyez point assuré quand vous le teniez. Ne l’avez-vous pas assez vu pour le pouvoir reconnaître ? — Je n’étais éclairé que par une lanterne, milord