et par réponses, huent un pauvre auteur s’il quitte le grand chemin. — Ne vous découragez pas pour si peu, cousin Chrystal, il y a de vastes déserts dans l’histoire d’Écosse, au travers desquels, à moins que je ne sois mal informée, aucun sentier certain n’a été établi jusqu’ici, et qui ne sont décrits que par d’imparfaites traditions ; et ces traditions remplissent de merveilles et de légendes les siècles dont les événements réels ont échappé à la mémoire des hommes ; en outre, comme dit Mathieu Prior[1].
« Dans les déserts où l’on ne trouve aucun sentier, les géographes placent des éléphants au lieu de villes. »
« Si tel est votre avis, ma chère dame, répliquai-je, le cours de mon histoire commencera cette fois à une époque de l’histoire bien reculée et dans une province bien éloignée de notre sphère naturelle de la Canongate… »
Ce fut sous l’influence de ces pensées que j’entrepris le roman historique que l’on va lire, qui, souvent suspendu et mis de côté, est arrivé maintenant à une longueur trop importante pour être à jamais relégué à l’écart, quoiqu’il soit peut-être peu prudent de l’envoyer à l’imprimeur.
Je n’ai point mis dans la bouche des personnages le dialecte écossais des Lowlanders en usage aujourd’hui, parce qu’indubitablement l’écossais d’alors ressemblait fort à l’anglo-saxon enrichi d’une teinte de français ou de normand. Ceux qui souhaiteraient trouver des éclaircissements sur ce sujet peuvent consulter les Chroniques de Winton[2] et l’Histoire de Bruce par l’archidiacre Barbour[3]. D’ailleurs, en supposant que ma connaissance du vieil écossais eût été suffisante pour revêtir le dialogue de ses idiotismes, une traduction aurait été nécessaire pour en donner l’intelligence à la plupart des lecteurs. Je n’ai donc point fait usage du dialecte écossais dans cet ouvrage, sauf aux endroits où un mot caractéristique pouvait ajouter à la force ou à la vivacité du style.