Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/203

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tions que la renommée met sur son compte. — Oh ! je jurerais par la garde de mon épée qu’elles sont aussi fausses que l’enfer, père Simon. Quoi !… lames et boucliers ! les hommes d’épée ne se soutiendraient pas mutuellement ? — Allons, voisin bonnetier, de la patience ; tu rendras un bon service à l’armurier, si tu accommodes cette affaire comme il faut. Je t’ai choisi pour te consulter sur ce sujet, non que je te croie la plus sage tête de Perth, car si je le disais, je mentirais. — Oui, oui, » répondit le bonnetier d’un air satisfait ; « je sais pourquoi vous voyez des défauts en moi… vous, têtes froides, vous pensez que nous, têtes chaudes, nous sommes fous… C’est ce que j’ai vingt fois entendu dire d’Henri du Wynd. — Têtes folles ou têtes froides, que m’importe à moi ! dit le gantier ; mais tu as un bon caractère, et je pense que tu aimes ton vieil ami. Nous venons de nous brouiller ensemble, continua Simon. Sais-tu qu’il a été question de mariage entre ma fille Catherine et Henri Gow ? — Je l’ai ouï dire depuis le matin de la Saint-Valentin… Ah ! celui qui obtiendra la Jolie Fille de Perth sera un homme heureux… Et pourtant le mariage a gâté plus d’un jeune luron… Moi-même, je regrette un peu… — Je t’en prie, trêve de regrets pour cette fois, l’ami, » dit le gantier en l’interrompant avec quelque aigreur ; « vous devez savoir, Olivier, que certaines de ces commères qui font, je crois, leurs affaires des affaires de tout le monde, ont accusé Henri de fréquenter mauvaise compagnie ; des chanteuses et d’autres filles du même genre. Catherine a pris la chose à cœur, j’ai cru mon enfant insultée de ce qu’au lieu de remplir près d’elle les devoirs d’un Valentin, il s’était jeté dans une société inconvenante un jour même où il avait belle occasion d’avancer ses affaires auprès de ma fille… Aussi, lorsqu’il est venu tard, dans la soirée de la Saint-Valentin, moi, comme un vieux brutal, je l’ai prié d’aller rejoindre la compagnie qu’il avait laissée chez lui, et je n’ai point voulu le recevoir. Je ne l’ai pas vu depuis, et je commence à croire que j’ai agi avec trop d’emportement. Elle est ma fille unique, et le tombeau l’aura plutôt qu’un débauché. Mais j’ai cru jusqu’à présent connaître Henri Gow comme s’il était mon fils ; je ne puis penser qu’il nous ait voulu tromper ainsi, et peut-être y a-t-il moyen d’expliquer la conduite qu’on lui reproche. Je suis allé aux informations près de Dwining, qui a, dit-on, salué l’armurier pendant qu’il se promenait avec cette honorable compagnie. Si j’en crois ses paroles, cette fille était la cousine d’Henri,