Aller au contenu

Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se querellent et se tuent l’un l’autre… ou quand les chevaliers et les nobles répandent le sang ? Mais je vous le garantis, ce sont les Highlanders qui ont fait le coup. Il n’y a pas d’homme dans Perth, seigneur ou manant, qui eût osé attaquer Henri Smith seul à seul. Il y a eu bien des complots contre lui : vous le verrez, quand on éclaircira l’affaire. — Les Highlanders ! » répéta Catherine comme assaillie par une idée soudaine et terrible. « Les Highlanders !… Oh, Conachar, Conachar ! — Oui, oui ; et j’ose le dire, vous avez nommé l’homme, Catherine. Ils se sont querellés, comme vous savez, la veille de la Saint-Valentin et ils ont échangé quelques coups. Un Highlander a bonne mémoire pour ses sortes de choses. Donnez-lui un soufflet à la Saint-Martin, il en sentira encore la place à la Pentecôte. Mais qui peut avoir amené ces brigands aux longues jambes dans la ville pour faire un pareil coup ? — Malheur à moi ! s’écria Catherine, c’est moi qui ai appelé les Highlanders, c’est moi qui ai envoyé chercher Conachar… Oui, ils se sont cachés en embuscade ; mais c’est moi qui les ai amenés à portée de leur proie. Je veux voir de mes propres yeux… et ensuite je prendrai un parti. Dites à mon père que je reviendrai bientôt. — Êtes-vous folle, ma chère enfant ? » s’écria Dorothée pendant que Catherine se dirigeait vers la porte. « Vous ne voudriez pas aller dans les rues avec les cheveux pendant sur vos joues, vous qui êtes connue pour la Jolie Fille de Perth ? Par la messe, la voilà partie ! advienne que pourra. Le vieux Glover criera après moi comme si je la pouvais retenir malgré elle… Voilà une belle matinée pour un mercredi des Cendres !… que faire ? si j’allais chercher mon maître parmi la foule ? je me ferais écraser sous les pieds, et l’on ne pleurerait guère la pauvre vieille femme. Faut-il courir après Catherine ? la voilà déjà bien loin d’ici ; elle est un peu plus agile que moi. Oh ! bien, j’irai jusqu’à la porte de Nicolas le barbier, et je lui raconterai tout cela. »

Pendant que la fidèle Dorothée exécutait sa prudente résolution, Catherine parcourait les rues de Perth d’une manière qui, dans un autre moment, aurait attiré sur elle l’attention de toute la ville. Elle courait d’un pas chancelant avec une impétuosité désordonnée, bien différente de la décence et de la gravité ordinaires de sa démarche, et elle n’avait pris ni le plaid ni le mantelet que les femmes de bien, d’une bonne réputation et d’un rang distingué, avaient coutume de porter quand elles sortaient.