Aller au contenu

Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rons le passage. — Eh bien, mon cher père, » dit Catherine avec un sourire, « vous usurpez sur les droits d’Olivier Proudfute, ce valeureux bourgeois, le frère d’armes d’Henri. »

Le visage de Glover se rembrunit.

« Vous avez dit là une parole affligeante, ma fille : mais vous ne savez pas ce qui est arrivé. Embrassez Henri, Catherine, en signe de pardon. — Non pas, je ne lui ai déjà fait que trop de grâces ; quand il aura reconduit la demoiselle errante chez elle, il sera temps pour lui de réclamer sa récompense. — Eh bien, dit Henri, je réclame comme votre hôte ce que vous me refusez à d’autres titres. » Il serra la Jolie Fille dans ses bras, et on lui laissa prendre le baiser qu’on n’avait pas voulu lui accorder.

Comme ils descendaient tous deux l’escalier, le vieillard mit la main sur l’épaule de l’armurier, et lui dit : « Henri, mes plus chers désirs sont accomplis ; mais il a plu aux saints que ce fût dans un moment de trouble et de terreur. — Il est vrai, répondit l’armurier ; mais vous savez, mon père, que si les émeutes sont fréquentes à Perth, au moins d’ordinaire elles ne durent pas longtemps. »

Alors, ouvrant la porte qui conduisait de la maison à la forge : « Holà, camarades ! cria-t-il, Anton, Cuthbert, Dingwell et Ringan ! que pas un de vous ne bouge d’ici jusqu’à mon retour. Soyez fidèles comme les épées que je vous ai appris à forger ; une couronne française et un joyeux repas écossais seront votre récompense si vous exécutez mes ordres. Je confie un précieux trésor à votre garde… Défendez bien les portes… Que le petit Jannekin se promène de long en large dans l’allée ; et vous, ayez vos armes sous la main, dans le cas où il approcherait quelqu’un de la maison. N’ouvrez les portes à personne, jusqu’à ce que mon père et moi soyons de retour ; de cela dépendent ma vie et mon bonheur. »

Les noirs et vigoureux géants auxquels il parlait répondirent en chœur : « Mort à celui qui tenterait d’entrer ! — Ma Catherine est maintenant en sûreté, dit-il au gantier, aussi bien que si elle était dans un château fort gardé par vingt hommes. Nous arriverons plus facilement à l’Hôtel-de-Ville en passant par le jardin. »

En conséquence, ils prirent leur chemin à travers un petit verger, où les oiseaux auxquels le bon artisan avait donné, pendant l’hiver, asile et nourriture, aux premières approches du