Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/258

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directe et indirecte à cet assassinat. Croyez-moi, et mille exemples l’ont prouvé : si le meurtrier tente de se mettre à couvert en faisant cet appel à Dieu, l’antipathie qui existe entre le corps mort et la main qui a porté le coup fatal éveillera une vie imparfaite, et les veines du défunt porteront à la blessure un sang depuis long-temps glacé. Pour parler d’une manière plus exacte, c’est le bon plaisir du ciel, que souvent, par des moyens incompréhensibles pour nous, on découvre le criminel qui a défiguré l’image de son Créateur. — J’ai entendu parler de cette loi, reprit sir Patrick ; elle fut exécutée du temps de Bruce. Assurément l’occasion est convenable pour chercher par les voies mystérieuses ce qu’il est impossible de découvrir par les moyens ordinaires, puisqu’une accusation générale contre toute la maison de sir John serait repoussée sans aucun doute par un démenti général. Mais je dois demander à sir Louis, le révérend clerc de la ville, comment nous pourrons empêcher le coupable de s’échapper dans l’intervalle. — Les bourgeois feront une garde vigilante sur les remparts de la ville, les ponts-levis seront levés, et les herses abaissées depuis le coucher jusqu’au lever du soleil, et de fortes patrouilles parcourront la ville pendant la nuit. Les bourgeois s’acquitteront volontiers de ce service, pour prévenir l’évasion de l’assassin de leur concitoyen. »

Le reste du conseil exprima de la voix et du geste son adhésion à cette proposition.

« Encore une question, dit le prévôt : que ferons-nous si l’un des suspects refuse de se soumettre à l’épreuve du droit du cercueil ? — Il pourra en appeler à l’épreuve du combat, répondit le révérend greffier de la ville, avec un adversaire d’un rang égal au sien ; car toute personne accusée, quand on en appelle au jugement de Dieu, doit avoir le choix de l’épreuve par laquelle elle sera jugée. Mais s’il refuse les deux épreuves, il sera tenu pour coupable, et puni comme tel. »

Les sages du conseil adoptèrent à l’unanimité l’avis de leur prévôt et de leur clerc, et résolurent de présenter au roi une pétition dans les formes, pour lui demander que l’enquête sur la mort de leur concitoyen se fît conformément à cette ancienne coutume, qu’on regardait comme un moyen de découvrir la vérité, et qui fut mise en pratique jusqu’à la fin du dix-septième siècle. Mais avant que l’assemblée se séparât, le bailli Craigdallie jugea à pro-