Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/300

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais bientôt après son corps pendit immobile et inanimé. L’exécuteur, après être resté, comme cela se pratiquait, plus d’une demi-heure au pied de la potence, comme pour donner le temps à la dernière étincelle de vie de s’éteindre, annonça aux admirateurs de pareils spectacles que les fers pour la suspension permanente du cadavre n’étant pas encore prêts, la dernière cérémonie de vider le corps et de l’attacher définitivement au gibet, serait différée jusqu’au lendemain au lever du soleil.

Malgré l’heure matinale qu’il avait indiquée, maître Smotherwell trouva sur le lieu de l’exécution une foule assez nombreuse, réunie pour voir ses dernières opérations. Mais la surprise et le ressentiment de ces amateurs furent grands quand ils s’aperçurent que le cadavre avait été détaché du gibet ; toutefois ils n’attendirent pas long-temps pour en savoir la cause. Bonthron avait été au service d’un baron dont les domaines étaient situés dans le comté de Fife, et lui-même était natif de cette province. N’était-il pas vraisemblable que des hommes de Fife, dont les barques traversaient continuellement la rivière, avaient enlevé clandestinement le corps de leur concitoyen, pour le soustraire à l’infamie d’une exposition publique ? La multitude tourna sa colère contre Smotherwell, qui n’avait pas achevé la besogne dans la soirée de la veille ; et si lui et son valet ne se fussent jetés dans une barque, et n’eussent traversé le Tay, ils eussent couru quelque danger d’être mis en pièces. Quoi qu’il en fût, cet enlèvement était trop conforme à l’esprit du temps pour causer beaucoup de surprise ; nous expliquerons dans le chapitre suivant qu’elle en était la véritable cause.


CHAPITRE XXIV.

LE PENDU.


Que la potence attende les chiens, et que les hommes soient libres.
Shakspeare. Henri V.


Les incidents d’une histoire du genre de celle-ci doivent s’adapter les uns aux autres, comme les gardes d’une clef doivent répondre exactement à celles de la serrure. Le lecteur, quelque bienveillant qu’il soit, n’est point obligé de se contenter de ce simple fait que telles et telles choses sont arrivées : ce qui, dans le cours ordinaire de la vie, est tout ce qu’il peut savoir de ce qui