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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/342

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Tandis qu’il parlait, l’équipage du bateau des frères de lait, à un signal de la barque du chef, laissa reposer les rames jusqu’à ce que le bateau de Booshalloch fût tout prêt ; alors, après avoir jeté une corde de courroies que Niel attacha solidement à la proue de son esquif, les rameurs reprirent leurs rames, et bien qu’ils traînassent le petit bateau à la remorque, ils glissèrent sur le lac presque avec autant de rapidité qu’auparavant. L’esquif était entraîné avec une telle vitesse, qu’il semblait courir risque de chavirer ou d’avoir sa proue arrachée.

Simon Glover vit avec inquiétude l’impétuosité téméraire de cette course et l’inclinaison du bateau, qui se baissait quelquefois à un pouce ou deux du niveau de l’eau. Et quoique son ami Niel Booshalloch l’assurât que c’était un honneur qu’on lui faisait, il désirait vivement que son voyage finît heureusement. Il en arriva ainsi, et plus tôt que Simon ne comptait ; car le lieu de la fête n’était pas éloigné de quatre milles de l’île où le corps avait été déposé, ayant été choisi pour faciliter la marche du chef, qui devait se diriger vers le sud-est aussitôt que le banquet serait achevé.

L’endroit où ils s’arrêtèrent était une baie sur la rive méridionale du lac, qui offrait une belle côte d’un sable étincelant, sur laquelle les bateaux pouvaient aborder facilement ; plus loin on voyait une prairie couverte de gazon vert pour la saison, et entourée de hautes collines couvertes de taillis ; là se déployaient les abondants préparatifs de la fête.

Les montagnards, bien connus pour leur habileté à manier la hache, avaient construit une vaste salle champêtre pour le banquet, pouvant contenir à peu près deux cents hommes, et un grand nombre de petites huttes élevées à l’entour semblaient devoir servir de chambres à coucher. Les poteaux et les poutres de la salle temporaire étaient de gros pins de montagne encore couverts de leur écorce. Les murailles étaient formées de planches ou de pieux du même bois, entrelacés de branches de sapin et d’autres arbres verts que les bois voisins fournissaient en abondance ; on avait pris sur les collines les bruyères qui formaient le toit. Les personnages les plus importants du cortège furent invités à prendre part au festin dans ce palais champêtre. Ceux d’un ordre inférieur devaient manger sous divers hangars construits avec moins de soin ; des tables de gazon, ou de planches à peine dégrossies, placées en plein air, étaient destinées à la multitude.

À quelque distance on voyait des brasiers de charbon ardent