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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/361

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Simon Glover, comme on le pense bien, ne fut pas fort mécontent du manque d’égards dont son ami se plaignait à son sujet. Au contraire, il aurait préféré la demeure passable du bon berger à l’hospitalité du jeune chef, quand même il n’aurait pas eu avec Éachin une conversation sur un sujet qu’il lui eût été fort pénible d’aborder de nouveau.

Il se retira donc tranquillement au Bellough, où son temps se serait passé d’une manière assez agréable, s’il n’eût eu rien à craindre pour la sûreté de Catherine. Il s’amusait à naviguer sur le lac, dans un petit esquif qu’un jeune montagnard conduisait, tandis qu’il pêchait à la ligne. Il abordait souvent à la petite île, et faisait une station sur la tombe de son ancien ami Gilchrist Mac-Jan ; il s’était même concilié l’amitié des moines en offrant an supérieur des gants de martre, et aux autres dignitaires une paire en peau de chat sauvage. Il passait la soirée à couper et à coudre les gants dont il faisait des cadeaux, tandis que la famille du berger, pressée autour de lui, admirait son adresse, et écoutait les histoires et les chansons par lesquelles le vieillard dissipait l’ennui de la soirée.

Il faut avouer que le circonspect gantier évitait tout entretien avec le père Clément, qu’il considérait, à tort, plutôt comme l’auteur de ses infortunes que comme un être innocent, victime des mêmes malheurs. « Je ne veux pas, pensait-il, pour me plier à ses fantaisies, perdre l’amitié de ces bons moines qui peuvent m’être utiles un jour. Ses prédications m’ont déjà été assez funestes, j’espère. J’en ai tiré peu de sagesse et beaucoup de malheurs. Non, non, que Catherine et Clément pensent comme ils voudront ; moi, je saisirai la première occasion pour m’en retourner comme un chien à l’appel de son maître. Je me soumettrai au cilice et à la discipline, je payerai une bonne amende, et je rentrerai dans le sein de l’Église. »

Il y avait plus de quinze jours que Simon était arrivé au Bellough, et il commençait à s’étonner de ne point recevoir de nouvelles de Catherine ni d’Henri du Wynd, à qui il pensait que le prévôt avait appris le projet et le lieu de sa retraite. Il savait que le hardi forgeron ne pouvait venir sur le territoire du clan de Quhele, à cause de ses différentes querelles avec les hommes de ce clan et avec Éachin lui-même, quand il portait le nom de Conachar. Il pensait cependant qu’Henri pouvait trouver les moyens de lui envoyer un message ou quelque signe de souvenir par quelqu’un