Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/394

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Dwining ; mais c’était un homme vigoureux, et il trouva quelque assistance dans le grain qui tombait d’un grenier situé au-dessus de sa prison. — Ne vaudrait-il pas mieux en finir plus vite ? Douglas le Noir vient de ce côté. Il n’est pas dans le secret de d’Albany : il demandera à voir le prince ; il faut que tout soit fini avant qu’il arrive. »

Ils continuèrent, en s’éloignant, leur horrible conversation.

« Regagnons la tour, » dit Catherine à sa compagne, quand elle les vit hors du jardin. « J’avais formé un plan pour m’échapper… Je veux le faire servir afin de sauver le prince. La laitière entre ordinairement au château à l’heure des vêpres, et laisse sa mante dans le passage, pendant qu’elle va avec son lait dans l’office de l’intendant. Prends cette mante, enveloppe-toi dedans, et passe hardiment devant le concierge : il est ordinairement ivre, et si tu ne manques pas d’assurance, tu traverseras sans être arrêtée la porte et le pont-levis. Alors, cours vers Douglas le Noir, c’est le plus prompt, c’est le seul secours que nous puissions espérer. — Mais, répondit Louise, n’est-ce pas ce terrible seigneur qui me menaça d’une punition infamante ? — Croyez-moi, Louise, des êtres tels que vous et moi ne restent pas une heure dans la mémoire de Douglas, que ce soit en bien ou en mal. Dites-lui que son beau-fils, le prince d’Écosse se meurt… qu’il se meurt de faim… dans le château de Falkland, et vous obtiendrez de lui, non-seulement votre pardon, mais encore une récompense. — Peu m’importe la récompense ; une bonne action porte sa récompense avec elle. Mais pensez qu’il est plus dangereux de rester ici que d’en sortir… Permettez-moi de rester, et de nourrir le malheureux prince ; et vous, mettez-vous en route pour lui amener du secours. S’ils me tuent avant votre retour, je vous laisse mon pauvre luth, et je vous prie de prendre soin de mon pauvre Charlot. — Non, Louise, répliqua Catherine, vous êtes une voyageuse plus expérimentée et plus privilégiée que moi. Partez, et si à votre retour vous me trouvez morte, comme cela est bien possible, remettez à mon père cet anneau et cette mèche de mes cheveux, et dites-lui que Catherine est morte en tâchant de sauver le descendant de Bruce. Donnez cette autre mèche à Henri ; dites-lui que Catherine pensa à lui jusqu’à son dernier moment ; et que s’il l’a trouvée trop scrupuleuse, relativement au sang des autres, ce n’était pas du moins qu’elle fût trop avare du sien propre. »