Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/410

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Il entra dans son atelier avec un air de compassion qui ne lui était pas ordinaire, et d’où Henri augura sur-le-champ qu’il apportait de mauvaises nouvelles. L’armurier prit l’alarme, et le marteau levé s’arrêta dans sa descente sur le fer rouge, tandis que le bras agile qui le soutenait, vigoureux une minute avant comme celui d’un géant, devint si faible que ce fut à grand’peine qu’Henri put mettre l’outil à terre, au lieu de le laisser échapper de sa main.

« Mon pauvre Henri, dit sir Patrick, je ne vous apporte que de méchantes nouvelles ; elles sont incertaines pourtant, et si elles sont vraies, elles sont telles encore qu’un homme brave comme vous ne doit pas s’en affliger trop profondément. — Au nom de Dieu, milord, dit Henri, j’espère que vos mauvaises nouvelles ne concernent ni Simon Glover ni sa fille ! — Quant à eux, dit sir Patrick, non : ils sont en sûreté parfaite ; mais pour toi, Henri, mes nouvelles sont moins satisfaisantes. Kilt Henshaw t’a, je pense, appris que j’avais voulu procurer à Catherine Glover une protection sûre dans la maison d’une honorable dame, la duchesse de Rothsay ; mais elle a refusé, et Catherine est allée rejoindre son père dans les montagnes. Les résultats peuvent en être fâcheux. Tu peux avoir entendu dire que Gilchrist Mac-Jan est mort et que son fils Éachin, que l’on connaissait à Perth comme apprenti du vieux Simon, sous le nom de Conachar, est à présent chef du clan de Quhele. J’ai ouï dire à un de mes gens qu’il court un bruit assez fondé parmi les Mac-Jan, à savoir que le jeune chef recherche la main de Catherine pour l’épouser. Un de mes serviteurs a recueilli ce bruit, comme un secret pourtant, lorsqu’il était dans le Breadalbane pour quelques arrangements à propos du combat qui va avoir lieu. La chose est incertaine ; mais, Henri, elle a un air de vérité. — Le serviteur de Votre Seigneurie a-t-il vu Simon et sa fille ? » dit Henri respirant à peine, et toussant pour cacher au prévôt l’excès de son agitation.

« Non, répondit sir Patrick ; les montagnards semblaient défiants et refusaient de lui permettre de parler au bonhomme, et il craignait de les alarmer en demandant à voir Catherine ; de plus, il ne parle pas le gaélique, et l’homme qui lui a tout conté ne savait guère l’anglais : il peut donc y avoir quelque méprise en cette affaire. Tel est pourtant le bruit qui court, et j’ai cru bien faire en vous le rapportant ; mais vous pouvez être sûr que le mariage ne se consommera point avant le combat du jour des Ra-