Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/245

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Un bruit sourd, semblable à celui d’un gong moderne, interrompit en cet endroit la conversation.


CHAPITRE XIX.

LE PARTI À PRENDRE.


Le Varangien et le comte Robert de Paris, au risque d’être découverts, étaient restés assez près du pavillon pour bien comprendre, quoique sans pouvoir entendre très distinctement, la conclusion de l’entretien.

« A-t-il accepté le défi ? dit le comte Robert de Paris. — Oui, et très volontiers en apparence, répliqua Hereward. — Oh ! sans doute, sans doute ; mais il ne connaît pas l’adresse que peut acquérir une femme dans le maniement des armes : pour ma part, Dieu sait combien m’intéresse l’issue de ce combat ; cependant telle est ma confiance que je voudrais y être encore plus intéressé. Je prends à témoin Notre-Dame des Lances rompues que je voudrais que chaque sillon de mon domaine chaque honneur que je puis appeler mien, depuis le comté de Paris jusqu’à la courroie de mon éperon, dépendissent de l’événement de ce combat entre votre césar et Brenhilda d’Aspremont. — C’est une noble confiance, et je n’ose dire qu’elle soit téméraire ; seulement je dois vous rappeler que le césar est un homme aussi vigoureux que bien fait, habile dans le maniement des armes, et surtout moins strictement attaché aux règles de l’honneur que vous le pensez peut-être. Il y a mille moyens de gagner un avantage, qui dans l’opinion du césar ne détruiraient pas l’égalité du combat, quoiqu’il n’en soit pas ainsi aux yeux du noble comte de Paris, ni même à ceux du pauvre Varangien. Mais d’abord permettez-moi de vous conduire en quelque lieu sûr, car votre évasion sera bientôt découverte, si elle ne l’est déjà. Les sons que nous avons entendus indiquent que des complices de la conspiration viennent visiter ce jardin pour tout autre motif que pour des affaires d’amour. Je vais vous emmener par une avenue différente de celle par où nous sommes arrivés. Je crains seulement que vous ne vous décidiez pas aisément à prendre le parti le plus sage ! — Et quel est-il ? — Donnez votre bourse, fût-ce tout votre bien, à quelque pauvre batelier, qui vous transportera de l’autre côté de l’Hellespont ; puis allez en toute hâte porter plainte à Godefroy de Bouillon et aux amis que vous pouvez avoir