Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/345

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plus audacieux et plus turbulents, le nombre des défenseurs de l’enceinte du trône parut graduellement s’accroître.

Outre la grande porte qui communiquait du dehors avec la galerie impériale, il y avait, quoiqu’on pût à peine le remarquer, une autre entrée de côté, solidement fermée, par où différentes personnes entrèrent et vinrent se placer au bas des sièges destinés à la maison impériale. Ces individus, à la hauteur de leur taille, à la largeur de leurs épaules, aux fourrures de leurs manteaux, et surtout aux redoutables haches-d’armes qu’ils portaient tous, semblaient être des Varangiens ; quoiqu’ils n’eussent ni le costume de grande tenue, ni l’armure complète de guerre, cependant lorsqu’on les examinait de près, on pouvait s’apercevoir qu’ils portaient leurs armes offensives. On put observer que ces hommes, arrivant par troupes petites et séparées, se joignaient aux esclaves de l’intérieur du palais pour empêcher l’invasion des immortels autour du siège de l’empereur et des places réservées. Deux ou trois immortels, qui avaient réussi à passer par dessus les barrières, furent rejetés de l’autre côté sans beaucoup de cérémonie par les bras nerveux des Varangiens.

Les personnes qui occupaient les galeries voisines, et dont la plupart avaient l’air d’hommes vulgaires parés de leurs plus beaux habits, firent de nombreux commentaires sur ces procédés, et se trouvèrent fort disposés à prendre parti pour les immortels. « C’était une honte à l’empereur, disait-on, d’encourager ces barbares Bretons à s’interposer par violence entre sa personne et les cohortes des immortels Romains, qui étaient en quelque sorte ses propres enfants. »

Stephanos, l’athlète, que sa haute taille et sa force prodigieuse faisaient remarquer parmi les mécontents, dit sans hésiter : « S’il y a seulement ici deux hommes qui veulent se joindre à moi pour dire que les immortels sont injustement privés de leur droit de garder la personne de l’empereur, voici la main qui les placera à côté du trône impérial. — Non, » répondit un centurion des immortels, que nous avons déjà présenté à nos lecteurs sous le nom d’Harpax ; « non, Stephanos ; cet heureux temps peut arriver, mais il n’est pas encore venu, mon joyau du cirque. Tu sais qu’en cette occasion c’est un de ces comtes, un de ces francs d’Occident, qui doit combattre ; et les Varangiens qui appellent ces gens-là leurs ennemis, ont quelque raison de réclamer le privilège d’être gardiens de la lice, privilège qu’il ne conviendrait pas de leur disputer en ce mo-