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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/70

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vais lire ; car ce récit de la bataille de Laodicée, dont les détails m’ont été principalement transmis par Sa Majesté impériale, mon excellent père, par son invincible général, le vaillant protospathaire, et par Achille Tatius, le fidèle Acolouthos de notre victorieux empereur, peut néanmoins être inexact dans quelques circonstances ; on peut penser que les hautes fonctions de ces grands commandants les retinrent à une certaine distance du lieu où l’on combattait avec le plus d’ardeur, afin de conserver tout le sang-froid nécessaire pour juger avec exactitude de tout l’ensemble de l’action, et transmettre leurs ordres sans trouble et sans préoccupation pour leur sûreté personnelle. Il en est de même, brave barbare, de l’art de la broderie ; et ne t’étonne pas que nous nous occupions de cet art mécanique, car il est protégé par Minerve, dont nous suivons avec orgueil toutes les études. Seulement nous nous réservons la surintendance de l’ouvrage, et nous confions à nos femmes l’exécution des détails. De la même manière, vaillant Varangien, toi qui as combattu dans le plus fort de la mêlée, tu peux nous indiquer à nous, indigne historienne d’une guerre si renommée, les incidents survenus tandis que les hommes combattaient corps à corps, au moment où le tranchant du glaive décida du destin de cette bataille. Ne crains donc pas, toi le plus brave de ceux qui portent la hache d’armes, toi le plus intrépide de ceux auxquels nous devons cette victoire et tant d’autres, de relever les erreurs que nous avons pu commettre relativement aux détails de ce glorieux événement. — Madame, répondit le Varangien, j’écouterai avec empressement et respect ce qu’il plaira à Votre Altesse de me lire. Quant à me permettre de critiquer l’histoire écrite par une princesse née dans la pourpre, loin de moi une telle présomption. Il conviendrait encore moins à un Varangien, à un barbare, de se permettre de juger la conduite militaire de l’empereur qui le paie libéralement, ou du commandant par lequel il est bien traité. Si avant une action on nous demande notre avis, nous le donnons toujours avec franchise et loyauté, mais selon mon intelligence grossière et sauvage, notre critique, après le combat, serait plus perfide qu’utile. Pour ce qui concerne le protospathaire, si c’est le devoir d’un général de se tenir loin du lieu le plus chaud de l’action, je puis dire et même jurer, si cela est nécessaire, que jamais je n’ai vu l’invincible commandant à la portée d’une javeline de tout endroit où il paraissait y avoir le moindre danger. »

Ces mots, prononcés avec une franchise hardie, produisirent une