Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/136

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entre les mains un billet de la personne qui fut confiée aux soins de l’abbé Jérôme ; il est écrit par une main délicate de femme, et autorise le ménestrel à déclarer le motif qui les a amenés dans ce pays. — Il sera fait comme vous le désirez, répliqua sir John, quoique je ne voie guère la nécessité de faire tant de cérémonie pour un mystère qui peut être si vite expliqué. »

Les deux chevaliers, précédés d’un garde, se rendirent donc au cachot où le ménestrel avait été renfermé.


CHAPITRE XIII.

LE SECRET.


Lorsque les portes de la geôle furent ouvertes, on put voir un de ces cachots qui alors interdisaient aux victimes toute espérance d’évasion ; mais dans lesquels un ingénieux coquin des temps modernes ne daignerait pas même rester plusieurs heures. Il était facile de voir, pour peu qu’on y prêtât attention, que les larges anneaux par lesquels les fers étaient réunis ensemble et attachés au corps du prisonnier, se tenaient par une rivure si faible que, frottés avec un acide corrosif ou patiemment usés avec un morceau de grès, les fers pouvaient être aisément séparés les uns des autres, et devenir ainsi tout-à-fait inutiles. Les serrures aussi, énormes et en apparence très solides, étaient si grossièrement faites, qu’un captif sans beaucoup d’adresse pouvait par des moyens semblables les mettre également hors de service. Le jour ne pénétrait dans ce cachot souterrain qu’à midi, et par une ouverture qu’on avait à dessein rendue oblique, de manière à exclure les rayons du soleil, tandis qu’elle n’arrêtait ni le vent ni la pluie. L’opinion qu’un prisonnier doit être regardé comme innocent jusqu’à ce qu’il soit déclaré coupable par ses pairs, n’était pas admise dans ces temps de force brutale, et on lui accordait seulement une lampe et quelque autre faible soulagement si sa conduite était tranquille, et s’il paraissait peu disposé à causer au geôlier le moindre embarras en essayant de s’échapper. Telle était la cellule où était renfermé Bertram : la douceur de son caractère et sa résignation lui avaient valu tous les adoucissements que pouvait accorder le geôlier. On lui avait permis d’emporter dans sa prison le vieux volume des poésies de Thomas-le-Rimeur, dont la lecture charma les instants de sa solitude, ainsi que tout ce qu’il fallait pour écrire. Il leva la tête lors-