Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/141

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de l’amnistie ? Ne faites-vous aucune attention au paragraphe ? Il prit la lettre d’une main tremblante, et en lut la fin d’une voix agitée. « Tout rapport doit désormais cesser entre lui et le prétendu Augustin. » Expliquez-moi comment ces mots pourraient avoir un autre sens que celui de ma condamnation et d’une rupture qui détruit à jamais toutes les espérances de sir John de Walton. — Vous êtes un peu plus âgé que moi, sire chevalier, répondit de Valence, et, je ne le nierai pas, beaucoup plus sage et plus expérimenté ; je soutiendrai néanmoins qu’il n’y a point lieu d’adopter l’interprétation que vous donnez à cette lettre, sans supposer préalablement que la belle qui l’a écrite avait la tête un peu dérangée… Voyons, ne tressaillez pas ; quittez cet air égaré, et ne mettez pas la main sur votre épée : je n’affirme point que tel soit le cas. Je vous répète qu’une femme jouissant de sa raison ne pourrait pardonner à une connaissance ordinaire de l’avoir traitée, involontairement et tandis qu’elle était cachée sous un déguisement, avec peu de respect et d’égard, et à la fois rompre irrévocablement, pour la même offense, avec l’amant auquel sa foi était engagée. — Ne blasphémez pas, dit sir John de Walton, et pardonnez-moi si, pour rendre justice à la vérité et à l’ange que je crains d’avoir à jamais perdu, je vous fais remarquer la différence qu’une fille pleine de dignité et de sentiments nobles doit faire entre une offense commise par une personne ordinaire, et une autre offense précisément du même genre, dont se rend coupable un homme que la préférence la plus imméritée, les plus généreux bienfaits et tout ce qui enchaîne un noble cœur, devaient faire réfléchir longuement avant que d’agir en toute chose où il était possible qu’elle fût intéressée. — Maintenant, sur mon honneur ! répliqua sir Aymer de Valence, je suis charmé de vous entendre essayer du raisonnement, quoique ce soit une manière déraisonnable de raisonner pourtant, puisque vous avez pour but de détruire vos espérances, et d’anéantir toutes vos chances de bonheur. Mais si, dans le cours de cette affaire, je me suis conduit à votre égard de manière à donner non seulement au gouverneur, mais encore à l’ami, quelque motif de déplaisir, je réparerai actuellement ma faute, sir John de Walton, en essayant de vous convaincre en dépit de votre fausse logique. Mais voici le muscat et le déjeuner : prenez-vous quelque chose, ou continuerons-nous sans nous exposer à l’influence du muscat ? — Pour l’amour du ciel ! répliqua de Walton, faites comme vous voudrez, mais dispensez-