Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/143

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offense envers l’objet de mon attachement. Non ; elle seule aurait le pouvoir de me persuader que sa bonté, égale à celle d’un saint, me rendra dans ses affections une place que j’ai indignement perdue, par une stupidité comparable à celle des brutes. — Si vous pensez ainsi, dit sir Aymer de Valence, je n’ai plus qu’un mot à ajouter ; excusez-moi si je m’explique aussi péremptoirement : lady Augusta, comme vous le dites, doit être l’arbitre suprême dans cette question. Mes arguments ne vont pas jusqu’à insister pour que vous réclamiez sa main, qu’elle y consente ou non ; mais, pour connaître sa décision, il faut que vous sachiez d’abord où elle est, ce dont je ne puis malheureusement vous informer. — Comment ! que voulez-vous dire ? » s’écria le gouverneur, qui alors seulement commença à comprendre l’étendue de son malheur ; « où s’est-elle enfuie, et dans quelle compagnie ? — Elle est allée, je suppose, répondit de Valence, à la recherche d’un amant plus hardi et moins disposé à interpréter tout air de froideur comme un coup mortel porté à ses espérances ; peut-être Douglas-le-Noir ou quelque autre héros du Chardon, pour récompenser par le don de ses terres, de ses titres et de sa beauté, la vertu et la valeur qu’elle aimait autrefois en sir John de Walton. Mais, sérieusement, il se passe autour de nous des choses étranges. J’en ai assez vu la nuit dernière en me rendant à Sainte-Brigitte, pour soupçonner maintenant tout le monde. Je vous ai envoyé comme captif le vieux fossoyeur de l’église de Douglas : il a refusé de répondre à plusieurs questions que j’ai jugé convenable de lui adresser ; mais nous en reparlerons une autre fois. L’évasion de cette dame ajoute beaucoup aux dangers qui entourent ce fatal château. — Aymer de Valence, » répliqua de Walton d’un ton solennel et animé, « le château de Douglas sera défendu, comme nous l’avons fait jusqu’à ce jour : il déploiera long-temps sur ses créneaux la large bannière de Saint-George. Advienne de moi ce qui pourra, je mourrai l’amant fidèle d’Augusta de Berkely, quand même je ne pourrais plus vivre comme chevalier de son choix. Il y a des cloîtres, des ermitages… — Oui, parbleu ! il y en a, repartit Aymer, et de plus des ceintures de chanvre et des chapelets de chêne ; mais il ne faut pas songer à tout cela avant d’avoir découvert où est lady Augusta, et quelles sont ses intentions véritables. — Vous dites bien, répliqua de Walton ; cherchons ensemble par quels moyens nous pourrons découvrir l’endroit de cette retraite précipitée, par laquelle ma dame m’a fait injure. Devait-elle supposer, en effet, que ses ordres