Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/146

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de le faire. Dans une demi-heure nous serons hors du danger d’être pris par les troupes anglaises qui vont être envoyées à notre poursuite sur toutes les directions. Maintenant écoutez-moi, lady Augusta : je connais un lieu où je puis me réfugier auprès de mes amis et compatriotes, des braves Écossais qui n’ont jamais, dans ce siècle de honte, fléchi le genou devant Baal. À une autre époque, j’aurais pu répondre de leur honneur sur le mien propre ; mais depuis un certain temps, je dois vous le dire, ils ont été mis à des épreuves par lesquelles les plus généreuses affections peuvent être éteintes ou plutôt poussées à une espèce de frénésie d’autant plus violente, qu’elle est originairement fondée sur les plus nobles sentiments. Un individu qui se sent privé des droits naturels que lui donne sa naissance, exposé à la confiscation et à la mort, parce qu’il défend les prétentions de son roi et la cause de son pays, peut cesser d’être équitable et juste lorsqu’il s’agit de déterminer le degré de représailles qu’il est légitime d’exercer en retour de semblables injustices. Je serais amèrement affligée si je vous avais mise dans une position fâcheuse ou dégradante. — En un mot, que craignez-vous que j’aie à souffrir de la part de vos amis, que vous me pardonnerez d’appeler rebelles ? — Si vos amis, que vous me pardonnerez d’appeler oppresseurs et tyrans, prennent nos terres et notre vie, saisissent nos châteaux et confisquent nos biens, vous devez convenir que les dures lois de la guerre accordent aux miens le privilège des représailles. Il n’est point à craindre que de tels hommes, au milieu de telles circonstances, se montrent cruels ou insolents envers une femme de votre rang ; mais on peut se demander s’ils ne chercheront pas à tirer avantage de votre captivité, suivant le droit commun de la guerre. Vous ne voudriez pas, je pense, être rendue aux Anglais à condition que sir John de Walton livrerait le château de Douglas à son possesseur naturel : néanmoins, si vous étiez entre les mains de Bruce ou de Douglas, quoique je puisse répondre qu’ils vous traiteraient avec tout le respect possible, j’avoue cependant qu’il ne serait nullement invraisemblable qu’ils exigeassent pour vous une semblable rançon. — J’aimerais mieux mourir que de savoir mon nom mêlé à un contrat si honteux ; et la réponse qu’y ferait de Walton serait, j’en suis certaine, de couper la tête au messager, et de le jeter de la plus haute tour du château de Douglas. — Où donc iriez-vous maintenant, madame, si le choix vous en était laissé ? — Dans mon propre château, où, s’il était nécessaire, je pourrais me défendre même con-