Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment pour y réfléchir. — Et moi, répliqua Turnbull, je ne puis vous accorder qu’une demi-heure de réflexion pour une offre que vous devriez, ce me semble, accepter les yeux fermés, au lieu de demander le temps de la méditer ! Le cartel exige-t-il de vous chose que votre devoir comme chevalier ne vous oblige pas implicitement de faire ? Vous vous êtes engagé à devenir l’agent du tyran Édouard, en tenant comme gouverneur le château de Douglas au préjudice de la nation écossaise et du chevalier Douglas-Dale, qui jamais, ni comme nation ni comme individu, ne se sont rendus coupables de la moindre injure envers vous ; vous suivez donc une fausse route, indigne d’un loyal chevalier. D’un autre côté, la liberté et la sûreté de votre dame vous sont actuellement promises ; elle vous sera rendue en tout honneur et respect, si vous consentez à quitter la ligne de conduite injuste dans laquelle vous vous êtes laissé imprudemment engager. Si vous y persévérez, au contraire, vous placez votre propre honneur et le bonheur de cette noble dame entre les mains d’hommes auxquels vous avez fait tout ce qu’il était possible de faire pour les réduire au désespoir, et qui, irrités par ce dernier refus, n’agiront plus qu’en désespérés. — Ce n’est pas du moins de toi, dit le chevalier, que j’apprendrai la manière dont Douglas explique les lois de la guerre ; ce n’est pas de toi que de Walton doit recevoir ces explications comme des préceptes. — Ainsi, je ne suis pas reçu comme un messager de paix ? répliqua Turnbull. Adieu donc ! et songez que cette dame est loin de se trouver en des mains sûres pendant que vous méditerez à loisir sur mon message. Allons, madame, il faut partir. »

En parlant ainsi, il prit la main de lady Augusta, et la tira brusquement, comme pour la forcer à le suivre. La pauvre fille était demeurée immobile et presque privée de sentiment, tandis que des propos menaçants étaient échangés entre les deux guerriers ; mais quand elle se sentit entraînée par Michel Turnbull, elle s’écria, comme si la frayeur la mettait hors d’elle-même : « À mon secours, de Walton ! »

Le chevalier, transporté soudain de fureur, assaillit le chasseur avec une rage terrible, et lui porta de sa longue épée, sans qu’il pût se mettre sur ses gardes, deux ou trois bons coups, dont il fut si rudement atteint qu’il tomba à la renverse dans le taillis. De Walton allait l’achever, lorsqu’il en fut empêché par un cri aigu de sa maîtresse. « Hélas ! de Walton ! qu’avez-vous fait ? Cet homme était ambassadeur, et il aurait dû être à l’abri de toute violence