Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reprit Augustin, j’espère que vous serez à même de payer tout ce qui pourra faire plaisir à nos guides, s’ils sont disposés à être polis et fidèles. — Dieu te bénisse, mon enfant ! répliqua Bertram, tu sais déjà quel serait le moyen d’attirer à toi tous les archers anglais qui ont été à Crécy et à Poitiers. Ne craignez pas qu’ils songent à décocher leurs flèches bardées de plumes d’oie grise, quand vous leur chantez un réveillon semblable à celui qui retentissait tout à l’heure dans le nid de soie des pauvres petits chardonnerets d’or que vous m’avez mis dans la main. — Comptez donc que je serai prêt quand vous jugerez bon de partir. Je crois qu’on peut entendre d’ici les cloches de la chapelle de Sainte-Brigitte, et je ne crains pas, malgré ma paresse, de vous faire attendre, vous et votre compagnie. — Bonne nuit, et que Dieu te bénisse, mon enfant, répéta le ménéstrel ; rappelle-toi que ton père repose là tout près, et qu’à la moindre alarme, il ne manquera point d’accourir près de son fils. Je crois qu’il n’est pas nécessaire que je t’engage à te recommander au grand Être qui est notre père et notre ami à tous. »

Le pèlerin remercia son père supposé, et les deux amis se retirèrent sans ajouter un seul mot. Ils étaient forcés d’abandonner la jeune dame à ces frayeurs exagérées qui, vu la nouveauté de sa situation et la timidité ordinaire de son sexe, devaient naturellement l’assaillir.

Le galop d’un cheval retentit bientôt près de l’habitation d’Hazelside, et le cavalier fut accueilli par la garnison avec des marques de respect. Bertram parvint à comprendre, d’après la conversation des deux soldats, que le nouvel arrivé était Aymer de Valence, le chevalier qui commandait le petit détachement stationné en cet endroit. C’était à sa lance, pour nous servir de l’expression technique, qu’appartenaient les archers avec qui nous avons déjà fait connaissance, un homme d’armes ou deux, un nombre proportionné de pages et de varlets : bref, c’était à ses ordres que devait obéir la garnison établie chez Thomas Dickson, outre qu’il occupait le poste de sous-gouverneur du château de Douglas.

Pour prévenir tout soupçon relativement à lui-même et à sa compagne, aussi bien que pour assurer le repos de celle-ci, le ménestrel jugea convenable de se présenter à l’inspection de ce chevalier, la grande autorité de ce petit endroit. Il le trouva faisant son souper des restes du bœuf rôti avec aussi peu de scrupule qu’en avaient montré les archers eux-mêmes.

Ce jeune chevalier fit donc subir à Bertram un interrogatoire,