Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/297

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gauche du corridor, tandis que le salon où le clerc avait reçu mistress Dods était à droite.

En général, ce bureau était ouvert pour tous ceux qui y avaient affaire ; mais en cet instant, si pressée que pût être la personne qui frappait, les commis qui se trouvaient en dedans ne pouvaient pas la faire entrer, attendu qu’ils avaient été faits eux-mêmes prisonniers par la prudente circonspection de M. Bindloose, qui craignait qu’ils n’écoutassent sa consultation avec mistress Dods. Ils ne répondirent donc aux coups réitérés et impatients de l’étranger que par des éclats de rire à demi étouffés, trouvant sans doute la plaisanterie excellente que la précaution de leur maître les empêchât de remplir leurs devoirs.

Marmottant une malédiction ou deux contre ses commis, les perpétuels fléaux de sa vie, M. Bindloose se hâta de passer dans le corridor, et fit entrer l’étranger dans son bureau de banque. Les deux portes du salon et du bureau restant ouvertes, les oreilles de la mère Dods, habiles, comme sait le lecteur, à écouter plus qu’il n’était besoin, purent entendre une partie de la conversation. Elle semblait rouler sur une transaction d’argent de quelque importance, comme Meg le reconnut bien lorsque l’étranger éleva une voix qui était naturellement aigre et haute, en terminant ainsi un entretien qui avait duré environ cinq minutes : « Une prime !… pas un para, monsieur… pas un couri… pas un farthing !… une prime pour un billet de banque d’Angleterre ?… me prenez-vous pour un imbécile, monsieur ? ne sais-je pas que vous appelez traiter au pair, donner des bons à quarante jours sur Londres ? »

Là, mistress Dods entendit M. Bindloose murmurer assez indistinctement quelques mots sur les usages de son métier. À quoi l’étranger répliqua qu’il envoyait toutes les coutumes et tous les usages au diable, réplique qui parut tellement convaincre le banquier, que non seulement il escompta le billet sans exiger de prime, mais qu’il invita encore son client à venir prendre une tasse de thé, et le fit passer dans le salon vert.

L’étranger salua en entrant mistress Dods qui, voyant ce qu’elle appelait un homme décent et de bonne mine, et sachant qu’il avait la poche pleine d’argent d’Écosse et de billets d’Angleterre, lui rendit de son mieux sa révérence.

M. Touchwood était un homme court, mais vigoureux et actif, qui, quoique âgé de soixante ans et plus, conservait encore sur son visage et dans son attitude toute la vigueur de la jeunesse. Sa phy-