Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/378

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tres, la seconde ne voulait pas les faire porter, d’où il résultait qu’elles restaient des mois entiers au bureau.

Le comte jugea à propos d’aller passer quelques minutes dans le cabinet de lecture, et, visitant avec une indifférence apparente les lettres déposées sur le bureau, il y découvrit, avec un battement de cœur des plus violents, un paquet à l’adresse de Tyrrel. Après avoir résisté, non sans peine, à la tentation de s’emparer de ce paquet pendant que la buraliste avait les yeux fixés d’un autre côté, il sortit, et rencontra avec joie son valet de chambre qui entrait à la poste.

Le comte s’avançait lentement sur la promenade, quand il aperçut Tyrrel venant à sa rencontre ; loin de l’éviter, il marcha vers lui, avec un calme et une aisance parfaite.

« Je présume, monsieur Tyrrel, » dit le comte, en faisant un salut froid et poli ; « je présume, monsieur Tyrrel de Martigny, puisque vous n’avez pas jugé à propos d’éviter cette rencontre désagréable, que vous vous rappelez assez notre parenté pour ne point donner sujet de rire à nos dépens. — Vous n’avez rien à redouter de mes passions, monsieur Bulmer, répondit Tyrrel, si vous pouvez contenir les vôtres. — J’en suis charmé, » dit le comte avec le même sang-froid ; et baissant la voix de manière à n’être entendu que de Tyrrel, il ajouta : « Comme nous ne serons pas à l’avenir fort curieux d’avoir des communications l’un avec l’autre, je prends la liberté de vous rappeler que je vous ai fait porter des propositions d’accommodement par mon ami, monsieur Jekill. — Elles étaient inadmissibles, répondit Tyrrel… pour les raisons que vous pouvez deviner.., et pour d’autres qu’il est inutile d’expliquer… on a dû vous faire en mon nom une autre proposition ; veuillez y réfléchir. — Je le ferai, répondit le comte, quand je la verrai appuyée des pièces dont vous avez parlé : mais je ne crois pas que ces pièces aient jamais existé. — Votre conscience parle autrement que votre langue, reprit Tyrrel. Je préviendrai le capitaine Jekill quand j’aurai reçu les papiers sans lesquels vous dites ne pouvoir vous former un avis sur ma proposition… En attendant ne vous flattez point de me tromper. Je suis ici pour observer et déjouer vos machinations, et soyez bien sûr que tant que je vivrai elles ne réussiront pas… Et maintenant, monsieur… ou milord… car vous avez le choix du titre… Adieu. — Encore un mot, dit lord Étheringlon ; puisque nous sommes condamnés au déplaisir de nous rencontrer, il est convenable que la bonne com-