Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/38

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tentions sous ce rapport. — Et sans doute, noble seigneur, vous avez aussi entendu parler de James, l’héritier actuel de la maison de Douglas ? — Oui, plus qu’il ne le faut. Il est connu pour avoir vigoureusement soutenu ce traître mis hors la loi, ce misérable Wallace. Maintenant même à peine cet infâme Robert Bruce, qui prétend être roi d’Écosse, a-t-il levé la bannière de la révolte, aussitôt ce jeune freluquet, ce bambin de James Douglas, vient se mêler aussi de la rébellion. Il vole à son oncle, l’archevêque de Saint-André, une somme d’argent considérable, pour remplir le trésor de l’usurpateur, qui n’est jamais bien lourd, débauche les serviteurs de son parent et prend lui-même les armes. Quoique châtié maintes fois sur les champs de bataille, il ne rabat rien de ses fanfaronnades, et menace de son courroux ceux qui, au nom de leur très légitime souverain, défendent le château de Douglas. — Il peut vous plaire de parler ainsi, sire chevalier, cependant je suis convaincu que, si vous étiez Écossais, vous me laisseriez, avec patience, redire ce que racontent de ce jeune homme certaines personnes qui l’ont connu : le jour nouveau sous lequel paraissent ses aventures prouve combien la même histoire peut être différemment racontée. Ces personnes parlent de l’héritier des Douglas comme d’un homme tout-à-fait capable de soutenir et même d’augmenter la réputation de ses ancêtres, prêt sans doute à affronter tous les périls pour la cause de Robert Bruce, parce qu’il le regarde comme son légitime souverain ; et ne songeant enfin, avec les troupes peu nombreuses qu’il peut réunir, qu’à se venger des Southrons[1] qui, depuis plusieurs années et contre tout droit, à ce qu’il pense, se sont violemment emparés des biens de son père. — Oh ! nous avons beaucoup entendu parler de ses projets de vengeance et de ses menaces contre notre gouverneur et contre nous-mêmes ; nous pensons cependant qu’il n’est guère probable que sir John de Walton abandonne le Douglas-Dale sans l’ordre du roi : James qui n’est encore qu’un vrai poussin aura beau se fausser la voix en criant comme un coq. — Sire chevalier, il y a bien peu de temps que nous avons fait connaissance, et cependant je souhaite que vous ne puissiez jamais, James Douglas et vous-même, vous trouver en présence l’un de l’autre, avant que l’état de ces deux royaumes mette la paix entre vous. — Ami, voilà d’excellentes intentions, et je ne doute pas de ta sincérité. Vraiment, tu me parais sentir, comme il le faut, tout le respect que l’on doit à ce jeune chevalier, quand on parle de lui,

  1. Expression qui indique les gens du sud, par rapport aux Écossais. a. m.