Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/384

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paquet qui n’était point à l’adresse de son maître, et lui ordonna de le reporter sur-le-champ à la poste. Solmes, toujours docile, allait sortir quand le comte l’arrêta.

« Un instant, lui dit-il, j’ai à vous parler d’une affaire plus importante, Solmes. Vous avez diablement mal pris vos mesures relativement à cette Hannah Irwin. — Comment, milord ? répondit Solmes. — Comment !… ne m’avez-vous pas dit qu’elle était partie pour les Indes orientales avec un de vos amis ; et ne vous avais-je pas remis 200 guinées pour payer leur passage ? — Oui, milord, répliqua le valet de chambre. — Oui… et maintenant il se trouve que non : elle est revenue dans ce pays, en un misérable état, mourant de faim, prête sans doute à faire et à dire tout ce qu’on voudra pour avoir du pain… Comment cela est-il arrivé ? — Il faut que Riddulph lui ait pris son argent, et qu’il l’ait plantée là, » répondit Solmes d’un ton de voix aussi calme que s’il parlait de la chose du monde la plus naturelle. « Mais je connais tellement le caractère de cette femme et son histoire, que je puis l’emmener de ce pays en vingt-quatre heures, et la placer en un lieu d’où elle ne reviendra jamais, pourvu que Votre Seigneurie puisse se passer de moi pendant ce temps. — Ne perdez pas un moment… je dois vous dire que vous trouverez cette femme dans un accès de repentir, et de plus très malade. — Je suis sûr d’elle, répondit Solmes ; et avec la permission de Votre Seigneurie, je pense que, si la mort et son bon ange tiraient cette femme par un bras, le diable et moi pourrions la retenir par l’autre. — Partez donc, dit Étherington. Mais écoutez, Solmes… traitez-la avec douceur ; qu’il soit pourvu à tous ses besoins… Je lui ai fait assez de mal, quoique le diable ait fait la moitié de la besogne. »

Solmes se retira pour s’acquitter de cette commission, avec l’assurance que son maître se passerait de ses services pendant vingt-quatre heures.

Lord Étherington, ayant perdu l’espoir de détruire les titres à l’aide desquels Tyrrel pouvait lui enlever sa fortune et son rang, avait senti qu’il lui importait plus que jamais de devenir le mari de Clara Mowbray, afin de conserver au moins les riches propriétés qui lui avaient été léguées sous cette condition par son grand-oncle. Son imagination fertile lui suggéra promptement le plan qu’il convenait de suivre pour réussir dans cette entreprise difficile. On va voir quel était ce plan par la conversation dans cette laquelle le comte explique à Jekill pourquoi il avait engagé Mowbray à dî-