Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/406

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il jeta un second regard autour de la chambre, redescendit brusquement au jardin, et faillit renverser M. Touchwood qu’il rencontra sur son passage, et qui l’avait suivi, quoique d’assez loin, par civilité. Le vieux nabab proposa de se rendre aux Eaux, disant que miss Clara y était peut-être allée ; Mowbray accepta cette offre bienveillante, autant pour se débarrasser de l’importun que pour tout autre motif. Il prit le chemin le plus court pour se rendre à une petite porte de derrière qui ouvrait sur un petit bois taillis, à travers lequel Clara s’était fait percer une allée pour parvenir plus aisément à un petit pavillon construit en branches non façonnées et couvert de plantes grimpantes. En parcourant le jardin, il rencontra le jardinier, vieux serviteur de la maison, et lui demanda s’il avait vu sa sœur ? — « Oui vraiment. — Et quand cela ? — Mais hier. » Maudissant la stupidité du vieillard, il courut vers la porte qui conduisait à ce qu’on appelait la promenade de miss Clara. Deux ou trois domestiques, se parlant à voix basse, et la douleur, la crainte sur le visage, suivaient leur maître, désireux qu’on employât leurs services, mais n’osant les proposer au malheureux jeune homme.

À la petite porte il trouva enfin des traces de celle qu’il cherchait ; le passe-partout de Clara était resté dans la serrure, il était évident qu’elle avait passé par là ; mais à quelle heure, dans quel dessein ? Mowbray n’osait le conjecturer. Le chemin, après avoir traversé pendant un quart de mille environ un grand bois de chênes et de sycomores, aboutissait à un large ruisseau, et là devenait rocailleux et escarpé, difficile pour une personne faible, effrayant pour quiconque avait les nerfs sensibles. Les tentations que cet endroit dangereux pouvaient offrir à un esprit au désespoir frappèrent Mowbray en ce moment. Il s’arrêta un instant pour reprendre haleine et dissiper les horribles pressentiments qui l’assiégeaient. Ses domestiques étaient dans les mêmes inquiétudes. En ce moment ils entendirent la voix du vieux jardinier qui criait derrière eux :

« Maître ! maître, monsieur de Saint-Ronan, j’ai trouvé… j’ai trouvé… — Avez-vous trouvé ma sœur ? » demanda Mowbray respirant à peine.

« Non, " répondit le vieillard après s’être laissé long-temps questionner ; « je n’ai pas trouvé miss Clara, mais j’ai trouvé quelque chose que vous seriez bien fâché d’avoir perdu, votre superbe couteau de chasse »

À ces mots il remit cette arme entre les mains du jeune laird ;