Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/418

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stances fatales qui ont contrarié ses desseins ; mais on ne peut jamais lui faire comprendre ou du moins convenir qu’elles ont été, jusqu’à un certain point, amenées par son amour pour les intrigues et les manœuvres secrètes ; la plupart des gens pensent que Mowbray de Saint-Ronan finira par être son héritier. Ce jeune homme a, dans ces derniers temps, montré une qualité qui recommande d’ordinaire à la faveur d’un parent riche, c’est-à-dire un grand soin de ce qui lui appartient déjà. L’ardeur militaire du capitaine Mac Turc s’est réveillée à l’odeur de la poudre à canon, et le vieux soldat a réussi non seulement à rentrer dans un corps avec paie entière, mais encore à décider son compagnon à servir quelque temps comme volontaire. Celui-ci a ensuite obtenu une commission d’officier : et quelle différence frappante entre la conduite du jeune laird de Saint-Ronan et celle du lieutenant Mowbray ! Le premier était, comme nous savons, gai, étourdi, prodigue ; le second vivait de la pitié, avec moins que sa paie même, se refusait toujours un objet d’agrément, et parfois le nécessaire, afin de pouvoir économiser une guinée : il devenait pâle de crainte lorsqu’en quelque occasion extraordinaire il se hasardait à jouer le whist à six sous la fiche.

On peut cependant citer une occasion remarquable où M. Mowbray se départit des règles d’économie qui le guidaient toujours. Il racheta pour une somme considérable le terrain par lui vendu, sur lequel on avait construit l’hôtel de Fox, et diverses autres maisons autour de la source de Saint-Ronan. Puis il en ordonna la démolition complète, et ne voulut souffrir sur ses domaines aucune auberge, à l’exception de celle de mistress Dods, qui règne encore en souveraine ; mais le caractère de la vieille hôtesse n’a été nullement amélioré ni par le temps ni par l’absence complète d’auberges rivales.

Pourquoi M. Mowbray, avec ses nouvelles habitudes d’économie, détruisit-il ainsi une propriété qui aurait pu être d’un rapport considérable ? c’est ce que personne ne pourrait dire avec certitude. Les uns prétendent qu’il se rappelait ses anciennes folies ; les autres, qu’il voyait dans ces bâtiments la cause des infortunes de sa sœur. Le vulgaire assure que l’ombre de lord Étherington avait été vue dans la salle de bal, et les savants parlent de l’association des idées. Mais tout se réduit à dire que M. Mowbray était assez riche pour satisfaire ses goûts, et que telle avait été son humeur.

Les eaux sont rentrées dans leur obscurité première : lions et